"Sankara n'est pas mort" : ô rail ! Ô des espoirs !


Burkina Faso, le Pays des Hommes intègres, après le coup d'État de 2014… Poète et écrivain d'une trentaine d'années, Bikontine prend son sac à dos et part du sud vers le nord en suivant son inspiration, la ligne de chemin de fer ainsi que le souvenir de Thomas Sankara (1949-1987)…

Premier chef de l'État burkinabé, assassiné en fonction, Sankara jouit auprès de la population d'un prestige intact : ce charismatique leader incarnait la voix d'une réappropriation et d'une autonomie africaines, libérée du joug colonial (ou néo-colonial) mâtinant son discours et ses actes d'une rigueur aussi enviable que gênante pour ses adversaires. Son fauteuil a depuis vu passer quelques successeurs, mais combien peuvent légitiment revendiquer son héritage moral ? L'ont-ils fait fructifier dans le sens du progrès social, humain et matériel ? Le bilan est, on s'en doute, bien maigre. Et ce film, entre constat et méditation, en rend compte en montrant un pays où les grands chantiers nationaux (tel le symbolique réseau ferroviaire) semblent à l'arrêt depuis 1987 alors que les multinationales grignotent davantage de terrain ; où le peuple s'avoue orphelin et démotivé.

Comme tout road movie, le cheminement entrepris par Bikontine traduit à la fois une découverte géographique et une édification personnelle. Et de Béréka à Kaya en passant par Ouagadougou, ses étapes sont autant de photographies de la situation intérieure, sociale, sociétale, du Burkina-Faso : l'histoire du pays, l'enseignement, le planning familial, la condition des femmes et des mineurs de fond à la recherche d'un hypothétique filon d'or s'y découvrent comme on feuillette le carnet de notes de Bikontine…

Thomas Sankara n'est pas mort parce son esprit vit encore. La nostalgie de son époque, longtemps étouffée par Blaise Compaoré, infuse. Qui sait : peut-être que l'Histoire reprendra le train en marche ?


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