Un Appel à la mobilisation

L'initiative date du 11 mars : à la veille du confinement, trente structures culturelles indépendantes lyonnaises lançaient un appel à la solidarité face à la crise. Plus de mille entités l'ont désormais signé. Et Grenoble est concernée !


Il est trop tôt pour savoir ce que cela apportera aux artistes qui décident de s'unir. N'empêche : sans attendre, on peut saluer l'idée de l'Appel des indépendants. Trois mois après son lancement, l'initiative – née à Lyon – regroupe un bon millier de structures culturelles et médias, dans plus de cent villes françaises. « Au départ, c'était une démarche spontanée et à vrai dire désorganisée », admet Vincent Carry, directeur d'Arty Farty. À l'origine de l'appel, cette association lyonnaise est notamment connue comme organisatrice des Nuits Sonores. Dans une logique de collégialité, elle plaide pour la tenue d'États généraux de la culture et la définition d'un « nouveau contrat culturel et social ». Avec un postulat : « Si la mobilisation des pouvoirs publics est forte, elle s'inscrit dans une logique de retour à l'avant-crise, dans la plus grande opacité et sans le moindre débat sur les enjeux profonds d'une refondation du secteur de la culture et des médias. Nous devrons imaginer une politique culturelle qui priorise enfin la lutte contre les inégalités d'accès (…) et pour la diversité,   qui assume une définition collaborative des enjeux et revendique une quête constante d'équité entre tous les territoires et tous les publics. »

Un principe de cooptation

De nouveaux signataires de l'appel peuvent toujours être accueillis. Les candidats doivent s'inscrire sur une plateforme en ligne (www.appeldesindependants.fr). Leur demande sera examinée par l'un des relais locaux du collectif : à Grenoble, ce rôle est tenu par Frédéric Lapierre, le directeur de la Belle Électrique (lire ci-dessous). La démarche des premiers signataires se structure : des groupes de travail ont commencé à se réunir pour préparer la suite. L'appel des indépendants s'est donné un programme ambitieux : au cours de l'été, une centaine d'ateliers devront ainsi être mis en place dans une centaine de villes françaises, dont Grenoble, pour faire émerger des idées et propositions. En septembre, un temps de mise en commun et de cristallisation des projets est prévu à Lyon, avec des représentants de tous les territoires. En octobre, enfin, les initiateurs de l'Appel souhaitent se rassembler à Bruxelles, avec les réseaux et fédérations d'acteurs culturels européens. Il devrait notamment en sortir un livre blanc, destiné à interpeller l'État, les institutions européennes et les nouveaux exécutifs locaux. Vincent Carry résume les objectifs de la démarche en deux points : « Permettre aux structures indépendantes d'être prises en compte afin de sortir de l'angle mort qu'elles occupent actuellement et faire en sorte que le débat ne se résume pas aux grands enjeux capitalistiques entre l'État et les grandes entités institutionnelles ». Il y a du boulot !


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