Les écrans bientôt rallumés

Elle a connu un confinement actif, sans jamais perdre tout à fait le contact avec son public. Tournée vers l'avenir immédiat, la Cinémathèque de Grenoble prépare désormais son Festival du film court. Avec quelques aménagements.


Un véritable crève-cœur : comme tant d'autres institutions culturelles, la Cinémathèque de Grenoble s'est pliée aux règles sanitaires édictées par le gouvernement et a dès lors dû renoncer à la partie finale de sa saison 2019-2020. Elle avait encore quelques films à montrer lorsque le confinement généralisé l'a contrainte à fermer ses portes, à commencer par deux d'un cycle consacré au cinéma taïwanais. Une bonne nouvelle : certains pourraient faire leur retour à l'affiche à la rentrée prochaine, à partir de la mi-septembre. Peggy Zejgman-Lecarme tient à rester prudente : la directrice de la Cinémathèque n'a aucune programmation complète à annoncer pour l'instant. Elle confirme par ailleurs que son Centre de documentation restera inaccessible jusqu'à l'automne, mais s'estime « dans une situation relativement confortable » par rapport aux salles de cinéma, qui ne rouvriront que le 22 juin prochain et n'auront alors enregistré aucune recette depuis la mi-mars. Trois gros mois de vaches maigres…

Le Festival en vue

La situation de la Cinémathèque n'est pas la même : malgré quelques pertes financières, elle devrait rebondir (un peu) plus facilement, grâce notamment à ses partenaires publics. Dans la coulisse, Peggy Zejgman-Lecarme et son équipe n'ont certes accueilli personne pendant une longue période : elles n'ont pas chômé pour autant. Il a ainsi fallu préparer l'édition 2020 du grand événement organisé par la Cinémathèque : le Festival du court. Cette manifestation estivale fêtera cette année sa 43e édition et se tient habituellement en plein air. C'est impossible cette année : la manifestation aura donc lieu… en ligne. Il est encore un peu tôt pour vous en dévoiler les tenants et aboutissants. Les dates ? Du 30 juin au 4 juillet, ce qui nous incitera bien évidemment à vous en reparler très vite. Un mini-scoop : le public grenoblois aura sans doute droit à quelques surprises du côté des invités. Malgré les difficultés liées à l'épidémie de coronavirus, la Cinémathèque a reçu plus de 2 600 films pour participer à la compétition, des propositions venues de 83 pays. « Nous sommes bien sûr tristes de ne pas pouvoir les présenter sur grand écran, souligne Peggy Zejgman-Lecarme, mais ce sera l'occasion d'expérimenter avec le public une autre forme de partage du cinéma. » Les inconditionnels peuvent se rassurer : en plus des films et des programmes spéciaux, les autres rendez-vous habituels seront maintenus, à l'image des masterclasses et de la nuit blanche, par exemple. Tout le programme sera gratuit et ouvert à tous, une simple inscription étant parfois demandée. Un escape game virtuel et plusieurs happenings dans Grenoble sont prévus, dont la nature exacte doit être précisée par les organisateurs.  

Un travail (quasi-)permament

Pendant le confinement, la Cinémathèque a aussi eu du pain sur la planche en proposant des ateliers d'histoire du cinéma ou d'analyse d'images, sur Internet. Elle a également poursuivi sa nécessaire mission autour des collections (numériques et argentiques) : l'inventaire. Il faut comprendre que chaque film qu'elle reçoit en dépôt est vérifié et inventorié, afin d'être référencé dans une base de données nationale. Les bobines, notamment, voient leur qualité appréciée, leur poids et métrage estimés et, s'il y en a plusieurs, leur ordre vérifié. Le répertoire national Lise est alors enrichi d'informations précises : nom du réalisateur, année de production, durée, format, version et support du film considéré. Un ensemble de caractéristiques qui doit être communiqué aux établissements auxquels la Cinémathèque confie certaines de ses trésors – avant vérification au retour de prêt. Aujourd'hui, ses collections forment un tout impressionnant : elles regroupent près de 8 500 copies argentiques et plus de 3 500 ouvrages consacrés au cinéma, sans même compter les revues périodiques et les quelque 24 000 affiches, entre autres objets et dossiers d'archives. Autant dire que, dans l'ombre, surveillance et bon entretien s'avèrent tout à fait indispensables !


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