En galère de boulot, Guillaume devient le chauffeur d'Anna Walberg, "nez" indépendante dans l'univers de la parfumerie et femme si exigeante qu'elle a épuisé tous ses prédécesseurs. Mais Guillaume va s'accrocher en lui tenant tête. Une manière de leur rendre service à tous les deux…
Devenu un visage familier grâce à la série 10%, Grégory Montel avait éclos en 2012 aux côtés du regretté Michel Delpech dans le très beau L'Air de rien, première réalisation de Stéphane Viard et… Grégory Magne. Après l'ouïe, celui-ci s'intéresse donc à l'odorat mais conserve peu ou prou un schéma narratif similaire puisque son héros ordinaire-mais-sincère parvient à nouveau à redonner du lustre à une vieille gloire recluse prisonnière de son passé et/ou ses névroses, tout en s'affirmant lui-même ; la différence majeure réside dans le fait qu'une relation fatalement plus sentimentale que filiale se noue ici entre les protagonistes.
Loin d'être une bluette à l'anglaise où les deux tourtereaux roucoulent après avoir fait chien et chat pendant l'essentiel du film, cette comédie sentimentale mise beaucoup (à raison) sur les à-côtés des personnages : le métier de sentir et composer des fragrances (étrangement peu exploité jusqu'à présent à l'écran cinéma, malgré ses similitudes avec celui d'œnologue ou de viticulteur) ; le lien père-fille motivant Guillaume et lui conférant le caractère nécessaire pour hausser le ton et faire valoir sa dignité. Sur ce point également, la lecture sociale ne manque pas de justesse : la bourgeoise Anna, à la différence du prolétaire Guillaume, est incapable de négocier ou vendre son talent ; au reste, pourquoi le ferait-elle puisqu'elle n'a jamais eu besoin de compter pour vivre ? Notons pour finit l'étrange intuition du réalisateur qui a eu recours à l'anosmie avant qu'elle soit récemment médiatisée. On nose parler de flair…