Les Parfums

De Grégory Magne (Fr., 1h40) avec Emmanuelle Devos, Grégory Montel, Gustave Kervern…


En galère de boulot, Guillaume devient le chauffeur d'Anna Walberg, "nez" indépendante dans l'univers de la parfumerie et femme si exigeante qu'elle a épuisé tous ses prédécesseurs. Mais Guillaume va s'accrocher en lui tenant tête. Une manière de leur rendre service à tous les deux…

Devenu un visage familier grâce à la série 10%, Grégory Montel avait éclos en 2012 aux côtés du regretté Michel Delpech dans le très beau L'Air de rien, première réalisation de Stéphane Viard et… Grégory Magne. Après l'ouïe, celui-ci s'intéresse donc à l'odorat mais conserve peu ou prou un schéma narratif similaire puisque son héros ordinaire-mais-sincère parvient à nouveau à redonner du lustre à une vieille gloire recluse prisonnière de son passé et/ou ses névroses, tout en s'affirmant lui-même ; la différence majeure réside dans le fait qu'une relation fatalement plus sentimentale que filiale se noue ici entre les protagonistes.

Loin d'être une bluette à l'anglaise où les deux tourtereaux roucoulent après avoir fait chien et chat pendant l'essentiel du film, cette comédie sentimentale mise beaucoup (à raison) sur les à-côtés des personnages : le métier de sentir et composer des fragrances (étrangement peu exploité jusqu'à présent à l'écran cinéma, malgré ses similitudes avec celui d'œnologue ou de viticulteur) ; le lien père-fille motivant Guillaume et lui conférant le caractère nécessaire pour hausser le ton et faire valoir sa dignité. Sur ce point également, la lecture sociale ne manque pas de justesse : la bourgeoise Anna, à la différence du prolétaire Guillaume, est incapable de négocier ou vendre son talent ; au reste, pourquoi le ferait-elle puisqu'elle n'a jamais eu besoin de compter pour vivre ? Notons pour finit l'étrange intuition du réalisateur qui a eu recours à l'anosmie avant qu'elle soit récemment médiatisée. On nose parler de flair…


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