Esprit Do It Yourself

Au Centre d'art Bastille, l'exposition "Oui la nuit rêve dans le minéral" de Nelson Pernisco propose un parcours immersif ponctué d'œuvres ambitieuses intégralement produites pas ses soins et pour le site.


Soucieux de s'assurer un maximum de liberté dans une économie de l'art souvent très contrainte, Nelson Pernisco appartient à une génération d'artistes qui aspire à mettre en œuvre des moyens de production indépendants. Les ateliers Wonder, dont il est président, offrent cette opportunité à leurs membres. Géré par et pour les artistes, ce lieu situé en région parisienne favorise le partage d'outils et la mutualisation de compétences. Cette stratégie permet de réduire les coups et le temps de production tout en s'assurant de la qualité du rendu. Précisément, le parcours qui traverse les quatre niveaux de l'espace d'exposition du Centre d'art Bastille (CAB) est ponctué d'œuvres conçues spécifiquement pour le lieu grâce à l'efficacité productive de ces ateliers.

Après une première fresque un brin anecdotique inspirée par une mythologie chinoise à peine dévoyée, une volée d'escalier amène le visiteur à pénétrer une installation dont l'univers hallucinatoire devrait réjouir les amateurs de science-fiction. Envahies de matière minérale, des barrières surgissent d'une plage jonchée de débris de météorites et de gros simili-crustacés en mousse. En face, Grenoble que l'on aperçoit au travers de la baie vitrée, apparaît comme une sorte de mer urbaine.

Paradoxalement, plus on descend dans le centre d'art, plus les œuvres semblent se tourner vers le ciel : après une installation inspirée d'un outil d'observation céleste, le visiteur découvre d'immenses sculptures en mousse polyuréthane dont les arabesques s'élèvent jusqu'au plafond – à moins que, comme les stalactites environnant, elles ne s'écoulent de celui-ci. Une étrange forêt qui dissimule en son sein d'inquiétants masques tout en volutes boursouflées. Évoquant ici une forme d'art nouveau régénéré par la trivialité de certains matériaux de construction, Pernisco convoque les peurs ancestrales et la science-fiction dans esprit Do It Yourself salvateur.

Oui, la nuit rêve dans le minéral (Nelson Pernisco)
Au Centre d'art Bastille jusqu'au 30 août


<< article précédent
"Mon ninja et moi" : doudou et dur à la fois