Le monde d'avant


Bien que formée à la peinture et au dessin, Gabrielle Hébert, femme du fameux peintre Ernest, s'est rapidement tournée vers la photographie. Un "passe-temps" très bien vu à l'époque chez les femmes de bonne famille et une manière de satisfaire son penchant créatif sans empiéter sur le terrain de son mari : à l'époque, la photographie est loin d'être considérée comme un art. C'est d'ailleurs pour les mêmes raisons que jusqu'ici, les clichés de Gabrielle avaient été ignorés. Depuis leur redécouverte récente, le musée Hébert en dévoile certains corpus au coup par coup : ce sont les photographies réalisées lors d'un voyage en Espagne qui sont présentées cet été. Une sélection parmi 300 clichés réalisés par Gabrielle grâce à un appareil Kodak très simple d'usage comprenant un film de 12 poses ce qui, en voyage, est alors bien plus pratique que les plaques de verres auxquelles elle était auparavant habituée. Les délicats clichés de format carré oscillent entre le désir de composer avec les lignes et les contrastes et une approche plus spontanée tirant parti de la relative mobilité de l'appareil – scènes de rues ou vues de la fenêtre du train. On retiendra tout particulièrement ces derniers clichés dont les premiers plans flous contrastent avec les scènes pittoresques immuables perceptibles en arrière-plan, ainsi que quelques images délicatement composées témoignant d'une Espagne d'un autre temps.

Voyage en Espagne, Photographie Kodak de Gabrielle Hébert
Au Musée Hébert (La Tronche) jusqu'au 24 août


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