Une douce odeur de psychédélisme

Alléchant plateau que celui proposé ce jeudi 24 septembre à la Source, qui associera sur scène le garage rock psychédélique teinté d'exotica des Normands de Cannibale, à celui, occulte, sombre et flamboyant des Grenoblois de Moonrite.


Pour un groupe de rock actuel, les options sont diverses et nombreuses… mais toutes ne se valent pas. Il y a ceux qui vont vendre leur âme pour livrer des morceaux pop fades et calibrés taillés pour les synchro-pubs, ceux qui vont tenter de s'inscrire dans la prolongation des grandes légendes des décennies passées, quitte à n'en livrer qu'une copie studieuse mais guère inspirée… Et ceux, enfin, qui préfèrent emprunter des chemins moins balisés mais beaucoup plus excitants où les influences du passé se conjuguent au présent dans un grand bain de jouvence syncrétique et inédit.

C'est assurément à cette dernière catégorie qu'appartiennent les formations Cannibale (photo) et Moonrite, qui proposent chacune des approches radicalement différentes mais complémentaires. Signés sur le label parisien de référence Born Bad Records dès leur premier album, No Mercy For Love en 2017, les Normands de Cannibale, qu'on a pu retrouver l'année suivante avec leur deuxième opus Not Easy to cook proposent ainsi une galvanisante rencontre entre des influences garage psychédélique 60's/70's envoutantes et toute une gamme de sonorités surprenantes et étranges puisées aussi bien dans l'exotica des années 50 chère à Martin Denny et Les Baxter que dans les musiques tropicales et afro-caribéennes. Un mariage pas forcément évident sur le papier mais qui ne s'en révèle pas moins absolument irrésistible à l'écoute, les structures plutôt pop/rock des morceaux venant offrir un écrin d'une efficacité sans faille dans lequel peuvent s'épanouir des ambiances cosmiques à souhait composées d'instruments exotiques et de bruitages intrigants (croassements de crapauds, effets divers…).

Du côté de Moonrite, duo grenoblois dont on a déjà eu plus d'une fois l'occasion de vanter les mérites depuis sa formation en 2014, l'étrange et le psychédélisme ont également toute leur place, mais sous un versant plus sombre et habité. Passionnés par la dimension la plus occulte et mystérieuse de la contre-culture des années 60, ses deux fondateurs revisitent cette dernière armés d'un orgue et d'une batterie dans une grande messe noire musicale furieusement trippée et iconique qui prend toute sa dimension sur scène. Succession d'hymnes incandescents qui vous aspirent dans un grand tourbillon lysergique avant de vous relâcher sans crier gare, la musique de Moonrite ne fait pas, elle non plus, dans la demi-mesure.

Cannibale et Moonrite à la Source jeudi 24 septembre, à 20h30


<< article précédent
Théâtre municipal de Grenoble : pleins feux sur la création locale