Yalda, la nuit du pardon

★★★☆☆ De Massoud Bakhshi (Ir.-Fr.-All.-Sui.-Lux., 1h29) avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi… En salles dès le 7 octobre


Un programme de télévision durant lequel une condamnée à mort tente d'obtenir sa grâce auprès de la fille de son défunt époux, le tout devant les caméras, en direct et en temps réel… Cela pourrait être une pièce de théâtre de l'absurde contemporaine ; quelque chose comme la rencontre entre Ionesco, Jafar Panahi (la scène se déroulant dans l'Iran d'aujourd'hui) et Philip K. Dick, allant au-delà de ce que Le Prix du danger (1983) et Running Man (1988) extrapolaient avec l'avénement de la société du spectacle et du capitalisme. Ici, la loi religieuse se soumet à ces nouveaux maîtres (ce qui en dit long sur son élasticité morale) et c'est étonnamment le représentant de la justice, et donc de l'État, qui porte la voix la plus modérée et la plus humaine, dépassé qu'il est par l'immondice du procédé incitant les téléspectateurs à infléchir le sort de la malheureuse, comme aux jeux du cirque. Sauf qu'en 2020, la responsabilité de chacun est diluée et la mise à mort, virtuelle. Avec son huis clos propice à une adaptation sur les planches, Yalda serait-il une parabole ? Hélas non : les émissions de télé-réalité dont l'enjeu sont le pardon et la grâce existent en Iran, notamment durant le ramadan.


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