Attention détournements !

Art contemporain / Depuis Marcel Duchamp et son fameux urinoir retourné et rebaptisé fontaine en 1917, l'art contemporain est familier des pratiques d'appropriation et de détournement. C'est parfois agaçant, souvent rigolo et quelques fois pertinent. Au Centre d'Art Bastille, la pratique du duo d'artistes de Nøne Futbol Club joue plutôt dans la deuxième catégorie et flirte parfois avec la troisième.


Depuis Marcel Duchamp et son fameux urinoir retourné et rebaptisé fontaine en 1917, l'art contemporain est familier des pratiques d'appropriation et de détournement. C'est parfois agaçant, souvent rigolo et quelques fois pertinent. Au Centre d'Art Bastille, la pratique du duo d'artistes de Nøne Futbol Club joue plutôt dans la deuxième catégorie et flirte parfois avec la troisième. On y trouve entre autres, gravés à la surface d'une pièce de monnaie, Astérix et Obélix hilarent à la lecture du mot Liberté, une vidéo d'hyperréalistes faux pneus sculptés dans du bois qui produisent un chaleureux feu de joie, des captures d'écran de chaîne d'info en continu gravées (et figées) à la surface de plaques de cuivre… Ainsi, le duo joue des tensions qui s'opèrent entre art populaire et institution, artisanat et industrie, flux médiatique et permanence de l'image. L'ensemble de l'exposition (à commencer par le titre) est traversé par des références à la crise économique et sociale actuelle. Un slogan graffité à l'occasion des émeutes à Athènes en 2008 se transforme en immense fer à marquer le bétail et évoque une enseigne lumineuse, de même, intitulée French Cancan, qu'une photographie d'un CRS dont seules les jambes sont épargnées par les flammes d'une explosion est réinterprétée plus loin avec des néons, faisant basculer définitivement la scène médiatique du côté du spectacle de cabaret.

Rise and Fall, Nøne Futbol Club, au Centre d'Art Bastille jusqu'au 3 janvier 2021


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