Les low-tech entrent dans l'enseignement supérieur

Enseignement supérieur / Utilisés depuis un an comme support d'enseignement à l'Ense3 de Grenoble, école d'ingénieurs spécialisée dans l'énergie, l'hydraulique et l'environnement, les low-tech devraient être, à la rentrée prochaine, au cœur d'un module d'enseignement complet proposé aux étudiants. Une petite révolution.


Marmite norvégienne et four solaire : les technologies low-tech sur lesquelles des étudiants de l'Ense3 ont dû plancher l'année dernière étaient quelque peu inattendues dans cette école réputée pour son excellence scientifique. Définies comme des « systèmes simples et accessibles en termes de coût et de savoir-faire », comment les low-tech sont-elles entrées à l'Ense3 ? Ont-elles leur place dans un enseignement au plus haut niveau d'exigence et de performance ? Oui, selon Martial Balland, président du low-tech lab de Grenoble, porteur de l'initiative : « Ces technologies sont une des réponses aux enjeux climatiques et environnementaux. Or je me suis aperçu qu'elles manquaient d'apports théoriques, qu'il manquait la possibilité de les améliorer en les mettant en regard des connaissances du monde académique. »

Les low-tech ont donc fait leur première rentrée à l'Ense3 en 2019, sous forme de projet d'ingénierie. En 12 séances de travaux pratiques tutorés de 4 heures, les étudiants ont réalisé un prototype fonctionnel de technologie low-tech, depuis la rédaction du budget jusqu'à la mise en œuvre et la mesure des performances. « Ils ont travaillé sur quelque-chose qui faisait sens pour eux, écologique et résilient. Mais surtout, on a montré au monde académique que faire du low-tech, c'est aussi faire des sciences pointues. Il n'y a pas d'antinomie avec le high-tech », analyse Martial Balland. Avec Delphine Riu, ingénieure et directrice de l'enseignement à l'Ense3, déjà complice de l'introduction des low-tech à l'école, leur but est désormais de formaliser cet enseignement en proposant aux étudiants un module optionnel "low-tech" dès la rentrée 2021. « Aujourd'hui, on arrive à un niveau de maturité avec certains chercheurs qui ont vraiment réfléchi au concept de low-tech et qui veulent l'inscrire un peu plus dans le cadre de la formation », raconte Delphine Riu. Les low-tech sont donc bien parties pour se faire une place de choix dans l'enseignement supérieur, portées par un intérêt croissant des étudiants pour ces technologies et leurs principes vertueux. « Les étudiants sont de plus en plus intéressés par la question du cycle de vie des produits technologiques et de leur impact environnemental. Je suis certaine du succès de ce module sur lequel nous travaillons. Pour certains élèves, c'est une vraie source de satisfaction car ils recherchent du sens dans leur métier en tant qu'ingénieur », conclut Delphine Riu.


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