"Born in Flames", OVNI féministe

Rareté / Queer, punk et farouchement iconoclaste, le film culte de Lizzie Borden, tourné caméra au poing à New York au début des années 1980, n'a rien perdu de
sa jouissive irrévérence.


Si le terme a malheureusement été galvaudé au fil des décennies jusqu'à finir par signifier aujourd'hui à peu près tout et son contraire, Born in Flames n'en reste pas moins un authentique film-culte au sens premier du terme. Tourné à New York en mode guérilla sur l'espace de cinq ans, le tout avec un budget absolument dérisoire (30 000$ !), le long-métrage de la réalisatrice Lizzie Borden, sorti en 1983, est un film absolument unique en son genre, à la fois profondément ancré dans son époque et hautement précurseur dans les thématiques qu'il aborde. Adoptant la forme d'un docu-fiction uchronique dans lequel les États-Unis seraient désormais gouvernés par un parti socialiste, Born in Flames se penche ainsi sur trois groupes d'activistes distincts, chacun en lutte à sa manière contre le sexisme, le racisme et le classisme systémique qui sévissent encore au sein d'institutions prétendument progressistes. Étroitement surveillé par une cellule du FBI, et objet d'une enquête menée par trois journalistes proches du parti au pouvoir, chaque groupe va dans un premier temps tenter de préserver son indépendance face aux deux autres, avant qu'une évolution drastique de la situation impose à tous la convergence des luttes comme seule solution possible. Avant-gardiste à plus d'un titre, le film aborde ainsi tout un ensemble de questionnements éminemment contemporains (pertinence d'une approche intersectionnelle au sein du militantisme, ambivalence face aux moyens d'actions mis en place par chacun, difficulté à lutter contre un gouvernement qui utilise les atours du progressisme pour mieux asseoir son pouvoir…) sans jamais virer pour autant au pensum démonstratif, nuançant la radicalité apparente de son propos par une multiplication permanente des points de vue.

Born in Flames. De Lizzie Borden vendredi 9 octobre à 20h au cinéma Juliet Berto


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