Actifs malgré tout

Témoignages. Ils auraient dû retrouver leur public en novembre, mais le second confinement les en a empêchés. On a pris des nouvelles de trois de nos artistes grenoblois préférés.


Grégory Faive

On a adoré sa prestation en Kid survolté et bavard dans Western !, la pièce chorale de Serge Papagalli. Grégory Faive (photo) aurait dû être seul sur la scène du Théâtre 145 du 24 au 26 novembre, pour présenter Le discours, une adaptation du roman-monologue de Fabcaro. Il a finalement dû se contenter d'un filage devant un public professionnel, restreint et masqué. Une aubaine cependant pour le comédien, avide de retours sur son travail et ravi de remonter sur scène, même dans ces conditions particulières. Le spectacle devait partir en tournée : quelques dates ont pu être reportées en mai et juin 2021. Avant cela, il sera finalement joué à Grenoble pour trois autres représentations au 145, les 18, 19 et 20 février prochains. On espère avoir l'occasion d'en reparler avec Grégory, tant il a su nous embarquer dans cette histoire folle autour d'un quadra largué par sa copine et qui psychote sévère au cours d'un repas de famille. Assez en tout cas pour nous faire rire, nous émouvoir et nous suggérer que toute ressemblance avec des personnes réellement existantes n'est pas fortuite. / MK


Émilie Le Roux

Mardi 3 novembre aurait dû avoir lieu à la MC2 la première de La Morsure de l'âne, nouveau spectacle d'Émilie Le Roux qu'on attendait avec impatience. Sauf que, bon, un nouveau confinement fut annoncé quelques jours auparavant... « Ça a été comme un arrêt en plein vol, surtout qu'on n'était pas loin de l'aboutissement » nous a expliqué la metteuse en scène grenobloise au téléphone, histoire de revenir avec elle sur cette drôle de période pour les artistes.

Si la MC2 lui a quand même laissé le plateau comme prévu afin de finaliser la pièce, « le fait de ne plus être dans les enjeux de représentation a un peu été vécu comme une perte de sens ». Surtout qu'une tournée nationale devait s'enchaîner après Grenoble, tournée largement amputée par la fermeture des théâtres pendant un mois et demi. Une quinzaine de représentations ont ainsi été annulées, même si quelques rencontres-lectures ont pu être organisées dans des écoles (elles non fermées) d'Île-de-France avec le public scolaire.

Bonne nouvelle : à la suite des annonces gouvernementales, la première du spectacle aura finalement lieu le 15 décembre à Quimper, date qu'Émilie Le Roux attend avec impatience pour enfin retrouver le public. Et, si possible, un rythme artistique normal. « Ça a été une période éprouvante, on a dû sans cesse construire puis déconstruire puis reconstruire nos projets. On en tirera sans doute quelque chose de positif car ça a montré notre énorme capacité d'adaptation, mais pour l'instant on est juste épuisés. » À noter également que le spectacle devrait être reprogrammé la saison prochaine à la MC2. « On pourra enfin le jouer à Grenoble ! » Enfin, c'est bien le mot de ce post-confinement. / AM


Nicolas Hubert

Même cause, même conséquence : du fait de la fermeture au public des salles de spectacle, le danseur et chorégraphe a été privé de la première de sa nouvelle création, Espaces pudiques (& angles morts). Il a cependant été accueilli en résidence au Théâtre 145, y a proposé un filage et retrouvera cette même scène pour quatre représentations. Les nouvelles dates : mardi 15 et mercredi 16 décembre, puis mercredi 20 et jeudi 21 janvier, à chaque fois à 19h. On ne peut que souhaiter à Nicolas que tout se passe bien désormais. Son travail, que nous avons eu la chance de découvrir il y a quelques semaines, vaut assurément le détour. Avec humour, l'artiste y dresse une sortie de premier bilan, après vingt ans de chorégraphies et un quart de siècle à danser. Il s'y met à nu, au sens figuré, mais aussi au sens propre : c'est dans le plus simple appareil qu'il démarre son solo, assez contorsionné toutefois pour dissimuler son intimité. « Ensuite, plus je me rhabille, plus je me dévoile », nous a-t-il expliqué lors de notre rencontre. Sa démarche n'est cependant pas seulement autobiographique : elle évoque aussi des événements arrivés à d'autres. / MK


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