Libraires et disquaires lèvent le rideau

Reprise. À l'image de l'ensemble des commerces, librairies et disquaires ont pu rouvrir leurs portes samedi 28 novembre. Une reprise d'activité espérée pendant de longues semaines et attendue par leurs clients.


Il y a eu l'attente et l'incompréhension. Puis, finalement, l'annonce au sommet de l'État de la réouverture des commerces. Une bouffée d'oxygène espérée, notamment par les commerces culturels, contraints à la fermeture, fin octobre, car jugés non-essentiels.

À Grenoble, comme partout en France, les libraires ont donc pu lever le rideau samedi 28 novembre, pour accueillir à nouveau leurs clients, qui étaient au rendez-vous en ce premier jour d'ouverture : « On est très contents d'avoir rouvert, les clients étaient bien là dès le samedi, c'était une très belle journée, tout le monde avait le sourire », raconte Noémie Leclercq, responsable de la librairie spécialisée BD Momie Folie. À la librairie les Modernes, spécialiste notamment du livre jeunesse, installée dans le quartier Championnet, le constat est le même : « La réouverture est très sportive, il y a du monde et du travail. » « Comme lors du premier déconfinement, les gens sont là en nombre, note, de son côté, Nicolas Trigeassou, directeur de la librairie du Square. Les lecteurs ont énormément de plaisir à retrouver un lieu qui leur est cher. Rien ne remplace le fait de flâner dans la librairie. »

Au Square, comme dans la plupart des autres librairies grenobloises, le système du "click and collect", permettant de passer commande en ligne et de venir chercher son livre sur place, a fonctionné pendant toute la période de ce second confinement, rencontrant, là aussi, son public : « Il y a eu beaucoup de commandes, ça a été un formidable élan de soutien, poursuit Nicolas Trigeassou. Il faut dire qu'à la différence du premier confinement, pendant lequel la chaîne du livre était à l'arrêt, là, tout a continué à fonctionner. »

Autre lieu, autres mœurs : à la librairie Momie Folie, c'est la livraison, plus que le "click and collect", qui a fonctionné en première ligne. « Le site web a beaucoup marché, car nous proposions la livraison à 1 centime, explique Noémie Leclercq. Mais même si ça a apporté un peu d'activité, ce n'est pas ça qui permet de payer les factures…»  Chez Momie Folie, comme au Square, "click and collect" et livraison restent pour l'heure en service.

Chez les disquaires aussi, la date du 28 novembre a sonné l'heure de la réouverture. Force de l'habitude et public peu enclin à commander en ligne, le "click and collect" n'a  pas rencontré un franc succès chez Gibert Joseph. « On a une clientèle qui préfère fouiner dans les rayons », note Karim Mohammedi, responsable des achats d'occasion et des rayons DVD et CD. La levée de rideau s'est donc faite, ici peut-être plus qu'ailleurs, avec « beaucoup d'attente » et notamment pour le rayon cinéma. « Les gens étaient vraiment contents de pouvoir venir acheter des films, en particuliers des grands classiques. » Une demande « qui n'a pas baissé », selon Karim Mohammedi, malgré l'avènement des plateformes de vidéos en ligne, renforcées par les périodes de confinement.

Un retour des auteurs encore flou

Reste que si la réouverture des commerces culturels a pu avoir lieu, protocole à l'appui, certains événements qui rythment leur quotidien n'ont pour le moment pas encore repris.À la librairie du Square, les soirées de rencontre avec les auteurs programmées cet automne ont dû être annulées et pour l'heure, aucune date de report n'est encore envisagée : « Toutes les dates ont été annulées en raison du couvre-feu et on va donc se retrouver dans la même situation (avec l'instauration d'un nouveau couvre-feu à partir du 15 décembre, ndlr), explique Nicolas Trigeassou. Pour le moment, il est impossible de se projeter. Les rencontres demandent beaucoup de travail et on ne veut pas avoir à tout annuler encore une fois. »

Chez Momie Folie, on tentera à nouveau l'exercice de la dédicace dès le dimanche 13 décembre. Ce jour-là, la librairie devrait accueillir l'auteur de BD grenoblois Laurent Verron, connu notamment pour être l'un des dessinateurs de Boule et Bill, pour la sortie de son nouvel album. Au Square, Nicolas Trigeassou espère quant à lui pouvoir reprendre progressivement ces rencontres avec les auteurs en février, peut-être avec Marie-Hélène Lafon, tout juste couronnée du prix Renaudot pour son ouvrage Histoire du fils et dont la venue était programmée cet automne.


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