Remobilisation festivalière

Vie culturelle / Les très lourdes conséquences de la crise sanitaire ne laissent pas les organisateurs de festivals indifférents. Aujourd'hui, beaucoup réagissent publiquement et témoignent de leur détermination pour 2021. Explications.


Agir pour ne pas connaître une deuxième saison blanche consécutive : c'est la volonté de quelque 200 événements musicaux partout en France, qui viennent de cosigner une tribune. Un texte au titre explicite – « Festivals 2021, Pourquoi on y croit ! » – comme pour mieux secouer le cocotier. Le ton est déterminé. Extraits : « En tant qu'organisateurs de festivals, rien ne nous interdit d'y croire. Optimistes de nature, entrepreneurs de métier, nous sommes engagés pleinement dans la préparation de nos prochaines éditions (…). Nos équipes sont déjà au travail. Les artistes se préparent. Le public nous attend ».

« Un message positif »

Rémi Perrier, le big boss du festival Musilac, prévu du 8 au 11 juillet prochain à Aix-les-Bains, fait partie des initiateurs de cette démarche. « On avait envie de délivrer un message positif, sans pour autant s'abandonner à la politique de l'autruche, indique-t-il. Petits et grands, on est tous touchés et on sait bien que tous les scénarios restent possibles pour l'an prochain, mais on se dit que le pire n'est jamais certain. » D'où cette intention de s'adresser à tous : artistes, public, partenaires et décideurs politiques. Les festivals prennent leurs responsabilités et cherchent à élaborer des protocoles pour anticiper les futures normes sanitaires. Sur ce dossier crucial, le Prodiss, le syndicat national du spectacle musical et de variété, devrait avoir finalisé ses propositions en janvier. Ce ne sera pas trop tôt pour préparer la venue d'artistes, eux-mêmes dans les starting-blocks.

Et en Isère ?

Dans notre département, plusieurs festivals ont signé la tribune. C'est le cas par exemple de Jazz à Vienne ou du Vercors Music Festival. Aux manettes de cet événement, Hadrien de Villeblanche reste prudent, mais estime que l'activité festivalière « voit désormais le bout du tunnel ». Lui aussi continue de plancher sur différentes hypothèses : « On a désormais du recul sur certaines règles sanitaires. On réfléchit à l'organisation d'un festival assis, avec mille personnes maximum, mais que l'on pourrait transformer en jauge debout si les conditions sanitaires le permettent. » Les dates de la prochaine édition sont calées début juillet, si rien ne change d'ici là. Sortir du bois n'est pas aussi évident pour tout le monde. On pourrait ainsi s'étonner de l'absence d'autres festivals isérois parmi les premiers signataires de la tribune. Début décembre, Sylvain Nguyen, le patron du Périscope, expliquait vouloir prendre le temps d'en rediscuter avec ses confrères. Il a déjà fait une croix sur l'édition 2021 d'Holocène et espère que le Musée Électronique, pour ce qui devrait être sa troisième édition, pourra enfin se dérouler en intégralité. Quelque chose nous dit que l'on n'a sûrement pas fini d'en parler !


Une crise sans précédent

C'est dès le mois de mai que le Prodiss a tiré la sonnette d'alarme pour évoquer l'impact de la crise sanitaire pour la profession, évoquant « des conséquences d'une ampleur inédite » et une activité économique « réduite à néant ». « Dans un secteur qui fait vivre 135 000 emplois en France, le coût économique et social est considérable, avec plus de la moitié des entreprises et plus de 75% des emplois intermittents menacés à court terme », écrivait-il alors, en exergue d'un rapport chiffré, réalisé en collaboration avec le cabinet EY. « La perte de chiffre d'affaires pour les entreprises du secteur (salles, festivals, producteurs de spectacles) est estimée à 1, 8 milliard d'euros pour les entreprises adhérentes de notre syndicat, qui représentent 80% du chiffre d'affaires total, entre le 1er mars et le 31 décembre.» Une inquiétude XXL pour des structures qui produisent plus de 65 000 spectacles, en salles et festivals, et rassemblent quelque 30 millions de spectateurs chaque année. En mai toujours, le Prodiss écrivait : « La situation actuelle met en risque 21 635 artistes et techniciens en régime d'intermittence, soit 76% des emplois, auxquels s'ajoutent 46% des emplois permanents. » Les chiffres ne se sont sans doute pas améliorés depuis…


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