Mémoires sensibles

Photo / Interrompu en plein vol du fait du deuxième confinement, le Mois de la photo va reprendre ses aises à l'Ancien Musée de peinture et devrait même jouer les prolongations. L'occasion notammentn de découvrir l'expression de deux photographes étrangères, l'une japonaise, l'autre australienne. Détails.


Abruptement interrompue par le confinement 48 heures à peine après son ouverture, la huitième édition du Mois de la Photo, organisée par la Maison de l'image, revient fort heureusement jouer les prolongations. Commençons par rappeler brièvement le principe : une thématique centrale (cette année, celle de la mémoire, à la fois intiment liée au medium photographique lui-même mais également objet de travail récurrent de nombreux photographes contemporains depuis l'orée des années 2000), une exposition principale à l'Ancien Musée de Peinture, qui regroupe les œuvres d'un ou deux artistes invités et celle de trois autres photographes lauréats sélectionnés par un jury européen, et enfin une flopée d'autres expositions réparties dans divers lieux de la ville et de l'agglomération (on citera à titre d'exemple celles d'Yveline Loiseur au VOG de Fontaine, et celle de Tomasz Laczny au Studio Spiral, toutes deux maintenues).

À l'Ancien Musée de Peinture, la photographe japonaise Miki Nitadori explore ainsi au travers de son projet Odyssée les liens entre mémoire individuelle et mémoire collective : l'artiste investit pleinement le lieu au travers d'une impressionnante scénographie où se superposent images d'archives et motifs de tissus dont la dimension symbolique entame un dialogue avec ces dernières. Un travail assez conceptuel, qui séduit certes par son originalité et sa démesure, mais auquel il n'est pas interdit de préférer cependant l'approche plus sensible de l'Australienne Aletheia Casey sur son projet No Blood Stained the Wattle / After the apology / The dark forgetting (en photo). Privilégiant les ambiances et les atmosphères, et instaurant un va-et-vient permanent entre textes et photographies, cette dernière interroge avec une subjectivité assumée le trauma laissé par la colonisation britannique en Tasmanie, par le biais d'une forme de fiction poétique abstraite qui marque durablement le visiteur.

Mois de la Photo. À l'Ancien Musée de Peinture du 16 au 22 décembre, puis du 6 au 10 janvier.


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