Cinq minutes en attendant

Le Pacifique, le Centre de développement chorégraphique de Grenoble, propose à toute personne intéressée de retrouver son équipe en extérieur, chaque jour ouvrable à 12h30, pour un court instant de danse collective. C'est parti pour durer tant que les salles de spectacle n'auront pas rouvert !


Les femmes n'avaient pas toutes la souplesse de Karen Lynn Gorney, ni les hommes le déhanché de John Travolta. Pas sûr d'ailleurs que tout ce petit monde ait vu La fièvre du samedi soir. C'est pourtant sur Stayin' alive, le classique des Bee Gees au titre explicite, qu'une vingtaine de personnes (masquées) est venue danser lundi 15 février, en face des locaux du Pacifique, chemin des Alpins, à Grenoble. Derrière cette initiative, l'envie est d'apporter de la joie en cette période privée de spectacles culturels (chorégraphiques et musicaux, notamment) en intérieur. De quoi oublier les quelques imperfections techniques – celles des autres et les siennes, tant qu'à faire – pour se dégourdir les jambes et, du même coup, les neurones.

Sous le soleil, exactement ?

Lors de ce premier mini-rassemblement inattendu, le Pacifique a pu compter sur une météo impeccable. L'opération est partie pour avoir lieu par tous les temps, chaque jour du lundi au vendredi, toujours à 12h30, tant que les salles de spectacle resteront portes closes. Le Centre de développement chorégraphique espère convaincre d'autres lieux de la Métropole de le rejoindre dans le mouvement pour créer un nouveau buzz positif autour de la culture. En tout cas, pour rester vivants, endurants et motivés, les premiers participants ont pu prendre exemple sur Nadia Vadori-Gauthier. La veille dans une zone industrielle entre la Seine et la Marne, attendue le lendemain dans un théâtre de Vincennes, cette chorégraphe a créé Une minute par jour, œuvre spontanée et acte de résistance poétique.

Depuis les attentats survenus à Paris en janvier 2015, elle danse quotidiennement, 365 jours par an, convaincue que son art est porteur de vie. L'équipe du Pacifique l'a contactée pour lui demander l'autorisation de s'inspirer de cette belle utopie : c'est elle qui a, dès lors, décidé de venir à Grenoble et de participer aux premiers pas, qui correspondaient pour elle à… un 2225e épisode ! Une pratique qu'elle appuie sur un proverbe chinois (« Goutte à goutte, l'eau finit par traverser la pierre ») et, plus proche de nous, la pensée de Nietzsche. La moustache en moins, le sourire en plus, elle livre cette citation du philosophe allemand : « Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n'aura pas dansé au moins une fois. »


<< article précédent
ÃLUCIa : l’art de la lumière