Et maintenant, la MC2 !

Douze jours après le Théâtre de l'Odéon, à Paris, la MC2 a rejoint, mardi 16 mars à la mi-journée, la liste des théâtres occupés en France. Le mouvement, qui associe des artistes, des techniciens et des étudiants, s'organise pour durer. Jusqu'à quand ? Sur place, personne n'a encore pu répondre à cette question.


De la musique. Des gens assis sur les marches. En haut, des banderoles encore vierges de tout message et d'autres en cours de fabrication. Il y avait plusieurs dizaines de personnes mardi 16 mars, à 14h30, sur le parvis de la MC2, et au moins le même nombre dans le hall, à l'intérieur. « Vers midi, nous étions encore 300 ou 400 », nous a assuré une représentante syndicale sur place. Parmi ceux-là, des représentants des syndicats, donc, CGT, Syndeac, Synavi, mais aussi des artistes indépendants et des étudiants, tous déterminés, semble-t-il, à occuper les lieux de manière durable. Avec quel objectif ? « Celui de peser sur le gouvernement », nous a répondu un autre syndicaliste présent. Pour obtenir quoi ? À ce stade, il est difficile de donner une liste exhaustive des revendications, mais, évidemment, la plupart tournent autour de la situation des acteurs de la culture.

Réouverture des salles de spectacle, mise en place de protocoles sanitaires adaptés, organisation d'assises au niveau régional, création de droits sociaux nouveaux et/ou prolongation des dispositifs d'aide existants, meilleure prise en considération des artistes indépendants par l'État, soutien accru aux artistes débutants… les sujets sont nombreux et restent au cœur des attentes depuis maintenant de longs mois. Sans surprise, les responsables politiques nationaux sont pointés du doigt, comme en témoignent certains slogans : « Une seule résidence annulée : celle de Macron à l'Elysée ! » ou « Vaseline Bachelot… touche pas à notre cul-ture ». L'exécutif est renvoyé dans ses buts, quelques jours seulement après que la ministre de la Culture a jugé « inutile et dangereux » ce type de rassemblement.

Commissions, assemblées générales… et nuits sur place ?

C'est à l'Odéon, à Paris, qu'a démarré ce mouvement d'occupation des théâtres, le 4 mars dernier. Depuis, il s'est étendu à au moins une grosse trentaine d'établissements. Il est encore un peu trop tôt pour dire s'il prendra de l'ampleur à Grenoble, mais il est clair que ses initiateurs comptent qu'il perdure. Mardi 16 mars dans l'après-midi, plusieurs commissions avaient ainsi déjà été constituées : communication, logistique, propositions artistiques, banderoles et convergence des luttes. Il était également envisagé d'en créer une "Action des prochains jours". De source syndicale, la direction de la MC2 ne s'oppose pas au mouvement et, sans forcément l'encourager, lui aurait apporté une partie des moyens nécessaires pour durer (mise à disposition de tables et de pliants, accès au Wifi et à une photocopieuse, possibilité de prendre des douches sur place, etc.).

Il sera également possible que des assemblées générales se déroulent à l'intérieur, ouvertes à cinquante personnes à la fois. Une dizaine de manifestants auront également le droit de dormir sur place, au moins pour la première nuit. Impossible, toutefois, de ne pas voir les grandes feuilles scotchées sur les piliers de la MC2 pour motiver d'autres personnes à s'inscrire pour les prochaines soirées. Au cours de cette première journée, les leaders syndicaux placés derrière les micros ont appelé à une mobilisation pacifique et respectueuse des règles sanitaires. « La MC2 est aussi notre bien commun, a dit l'un d'eux. Nous pourrons également débattre de ce que l'on en fait, mais il faut que nous respections les personnels qui y travaillent actuellement, ainsi que nos collègues qui seraient accueillis en résidence. Aucun cluster n'est apparu dans les salles de spectacle et il faut que ça continue comme ça : certains n'attendraient que le contraire pour nous tomber dessus ! » Ambiance


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« On n’est pas un théâtre à l’arrêt ! »