Une Nocturne en forme de jeu vidéo

Cette année, la Nocturne des étudiants du Musée de Grenoble prend la forme d'un jeu vidéo immersif accessible pendant plusieurs soirées. Les projets artistiques sont mis en scène dans un espace muséographique inédit que le visiteur peut parcourir à loisir depuis son ordinateur.


Décidément, la Nocturne des étudiants du Musée de Grenoble sait se réinventer en ces temps de pandémie. Après une édition 2020 numérique diffusée en streaming le 7 octobre dernier, les organisateurs creusent encore plus le concept de virtualité cette année en proposant, les 24, 25, 26 et 30 mars de 18h à 23h, le Musée imaginaire des étudiants (MIE). Le principe de la Nocturne reste le même : des étudiants grenoblois volontaires élaborent et présentent au public un projet artistique (danse, musique, théâtre, etc.) en lien avec une œuvre du Musée. En revanche, les spectacles s'intègrent cette fois-ci dans un jeu vidéo immersif inspiré de Second Life.

Les équipes de la Nocturne travaillent depuis janvier avec l'entreprise Immersive CoLab qui met à leur disposition une plateforme virtuelle nommée Calypso 3D. « Cette société développe ce type d'outil collaboratif dans le domaine de l'éducation et de la formation. Ils n'avaient pas encore de projet artistique. Ils ont tout de suite été conquis par notre idée », raconte Alexis Chareyre, chargé de relation auprès du public étudiant. Leur idée ? Recréer un espace muséal imaginaire – et improbable ‒ afin d'offrir un contexte original et inédit aux performances : « Nous savions que le contexte sanitaire serait encore compliqué mais nous voulions aller au-delà du streaming, créer quelque chose de plus ludique dans le but, pourquoi pas ? de toucher un public différent. Même si rien ne pourra remplacer le musée en vrai ».

Courir, marcher… et voler !

Dommage que le MIE ne soit pas directement "jouable" sur le web : c'est sûrement un frein pour les internautes actuels ! Pour se connecter, il faut donc d'abord télécharger un logiciel et créer un compte sur la plateforme. Le visiteur est ensuite propulsé sur une île/musée, pensée et façonnée par les étudiants. Libre à lui de marcher, courir et même voler (seul aspect vraiment intéressant du gameplay) à travers cette map qui rappelle l'agglo grenobloise grâce à quelques clins d'œil : deux rivières, trois massifs, une sculpture bien connue d'Alexandre Calder…

Mais n'oublions pas pourquoi nous sommes là : découvrir les neuf projets artistiques de cette édition 2021 sur le thème "Mythes", disséminés aux quatre coins de la carte dans des environnements très divers. Au cœur d'une forêt toute en nuances de noirs (inspiration, Pierre Soulages), un cimetière luxuriant où il faut cliquer sur les stèles pour entendre quelques capsules audio nostalgiques ; entre les murs épais d'une forteresse, une performance dansée sur l'histoire d'Ugolin della Gherardesca ; dans les airs, un cinéma flottant qui permet de revivre en vidéo la Nocturne précédente, etc. Au cours de ces pérégrinations, il est également possible de parler, de vive voix, avec d'autres visiteurs situés à moins de 40 mètres dans le jeu. Si l'on ne doute pas que certains se contenteront d'échanger poliment sur les œuvres, espérons que cette modalité risquée ne submerge pas les modérateurs présents en ligne pendant l'intégralité des heures d'ouverture de la plateforme. Un défi de plus pour cette Nocturne qui doit, avant tout, parvenir à rencontrer son public.

Musée imaginaire des étudiants.
Les 24, 25, 26 et 30 mars, de 18h à 23h ; modalités de connexion ici : www.museedegrenoble.fr/966-etudiants.htm?


<< article précédent
Quel horizon pour le Magasin ?