Derrière les portes du musée de l'Ancien Évêché

Confrontées à la fermeture de leur musée depuis fin octobre, les équipes du musée de l'Ancien Évêché, situé place Notre-Dame, à Grenoble, continuent de faire vivre leurs projets, en attendant la réouverture.


Dans la galerie des Évêques, au rez-de-chaussée du musée de l'Ancien Évêché, les bruits de pas des visiteurs ont laissé place depuis plusieurs mois au silence. Un étage plus haut, l'exposition Histoire de savoir(s), sur l'Université Grenoble Alpes, attend patiemment la réouverture du musée. Prête à accueillir le public depuis le 28 janvier, elle reste plongée dans le noir avant, enfin, le moment de son inauguration. « Un musée sans visiteur, c'est impensable », souffle Sylvie Vincent, conservateur en chef du patrimoine au musée depuis septembre 2020.

Fermé depuis le 29 octobre, l'établissement a vu son nombre de visiteurs chuter au rythme des différents confinements. De 90 000 visiteurs en temps normal, la fréquentation atteignait timidement les 42 000 entrées l'an dernier. Alors, face à la situation inédite d'un musée dont les portes demeurent fermées, les six membres de l'équipe tentent de rester mobilisés : « C'est essentiel de maintenir la cohésion de l'équipe et de continuer à aller vers le public, sous d'autres formes », explique Sylvie Vincent, qui se rend quotidiennement à son bureau, d'où se dévoile une partie de la cathédrale Notre-Dame. Ses équipes se partagent entre télétravail, présence au musée et, pour les agents de l'accueil, bénévolat au centre d'appel de Grenoble pour la vaccination, où ils apportent leur aide tous les après-midis, pour la prise de rendez-vous.

Podcast et visite en ligne

Chargée de l'action culturelle, Amélie Meunier-Carus maintient ce lien avec le public au travers des réseaux sociaux, en proposant des focus sur certaines œuvres du musée. Des conférences en ligne, organisées en partenariat avec l'Office de tourisme Grenoble-Alpes Métropole, rassemblent également les internautes derrière leurs écrans, chaque mercredi pendant les vacances scolaires et certains dimanches, pour une découverte commentée en direct de l'histoire de l'Isère et du baptistère du IVe siècle abrité sous la place Notre-Dame. « On n'aurait jamais pensé que la fermeture durerait si longtemps, mais on essaie de s'adapter au quotidien avec nos missions », explique-t-elle.

Alors que l'exposition temporaire consacrée à l'université n'a pour le moment pas pu être montrée au public, le musée a lancé début avril un podcast qui raconte les différentes facettes de cette histoire : « Le but était de donner envie de voir l'exposition, sans trop en montrer, et le podcast se prête bien à la situation actuelle ». Les épisodes de la série sont dévoilés chaque vendredi, sur la page Facebook du musée.

« Davantage de temps »

Initialement prévue jusqu'à l'automne, l'exposition Histoire de savoir(s) sera prolongée de quelques mois pour permettre aux visiteurs, à commencer par les étudiants, d'en profiter. Fonctionnant sur la base de deux expositions temporaires par an, l'équipe du musée a donc dû revoir le calendrier pour ses prochains rendez-vous. « C'est une chance d'avoir davantage de temps pour travailler sur les prochaines expositions, mais c'est également assez compliqué de ne pas avoir d'horizon en tête, notamment pour les demandes de prêts des œuvres que nous souhaiterions montrer », explique Suzy Louvet, chargée des expositions au musée. La jeune femme travaille actuellement sur la résidence d'artistes Moly-Sabata, fondée par le peintre cubiste Albert Gleizes en 1927, dont l'histoire sera retracée dans une exposition qui verra le jour l'an prochain.  

Pour les équipes du musée, le temps est également à l'entretien des collections. État des lieux des vitrines, entretien du baptistère, grand ménage dans la salle pédagogique, numérisation des archives… « Avec deux expositions par an, le rythme est très soutenu pour l'équipe et ne laisse pas forcément le temps pour faire ce travail en temps normal », poursuit Suzy Louvet.

Derrière les portes du musée, toute l'équipe garde l'espoir d'une réouverture prochaine qui ira de pair avec l'inauguration tant attendue de la nouvelle exposition. Tout en  espérant également que certaines choses demeureront au-delà de cette période si particulière : « Nous partageons nos expériences au sein du réseau des musées du département, pour échanger sur ce que nous avons pu initier dans nos établissements, comme les visites en ligne, dans une vraie réflexion commune, explique Sylvie Vincent. C'est une période dont nous tirerons tous quelque chose pour l'avenir ».


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