Depuis le début des années 2000, à grands coups de chalumeau, la plasticienne française Anita Molinero malaxe, étire, triture le plastique d'objets plus ou moins triviaux jusqu'à leur donner des formes ou des textures étranges – voire complètement mutantes. Une technique amusante qui peut intriguer le regard des visiteurs du Centre d'art Bastille : des phares de voitures fondus prennent des allures de sorbet dégoulinant ; plus loin, enchâssées les unes dans les autres, des poubelles distordues forment un gigantesque serpent qui se mord la queue, jouant ainsi d'une allusion à la question du recyclage dont l'artiste fait un art.
Pour l'installation qui clôture le parcours, Anita Molinero a carrément choisi de s'emparer d'un matériau propre à la région grenobloise : le ciment. Toujours favorable aux approches expérimentales, elle a injecté dans des sacs de ciment Vicat différents liquides colorés et les a laissé se modeler naturellement. Ici la matière a pris l'empreinte des plis du sac, là ce dernier a éclaté… L'ensemble donne lieu à une étonnante série de sculptures dont les formes lourdes et souples à la fois évoquent des torses démembrés qui s'adonneraient à une séance de yoga – ceci d'autant plus qu'elles sont exposées sur des tapis de gym. Une sorte de clin d'œil ironique à nos corps engoncés par trop de confinements à répétition.
Simen se la coule douce
Au Centre d'art Bastille du 19 mai au 5 septembre