Stracho Temelkovski : « Je suis allé vers des influences plus urbaines »

Musique. Après le bon accueil de son premier album, le musicien grenoblois va remonter sur scène lors de la première soirée du festival Magic Bus, aux côtés du Student Groove Orchestra, le 17 juin. Un rendez-vous qu'il anticipe avec beaucoup de plaisir, comme il nous l'a expliqué il y a quelques jours.


Tu vas participer à la première soirée du festival Magic Bus. On imagine que ce sera avec joie…

Oui, je suis content. Grenoblois, c'est vrai que j'ai plutôt eu tendance à voyager loin de ma terre natale. Revenir y jouer me fait vraiment plaisir. Habituellement, je tourne un peu dans les réseaux musiques du monde et jazz et, cette fois, on est un peu dans un dispositif de musiques actuelles. Pour ce concert qui m'associe avec le Student Groove Orchestra (SGO), on va bien sûr retrouver mon identité musicale, mais ce sera aussi un moment particulier avec cet ensemble plein de jeunesse et de talent. Jouer comme ça, avec un gros son et en extérieur, ça a quelque chose d'assez excitant !

On dit que ta musique n'a pas de frontières. Cela te paraît juste ?

Absolument. Je le revendique !

Tu parles de tes origines macédoniennes. Il y a de cela aussi, dans tes compos ?

Oui : un côté viscéral et rythmique, ainsi qu'une manière d'improviser, mais je ne retiens pas l'aspect traditionnel de la musique macédonienne. Je ne suis pas porte-drapeau et me méfie des récupérations. Je suis heureux d'être français et de mes origines macédoniennes, de la même façon. Avec les temps qui nous attendent, je pense que la musique devra être là pour rapprocher les gens, loin des démarches communautaires. Moi, dans la musique comme dans la vie, j'aime sortir les choses de leur élément. Et, comme en cuisine, me servir de différents ingrédients…

Penses-tu que cette expérience avec le SGO te permettra d'encore étendre ton registre ?

En tout cas, c'est vrai que j'ai envie d'aller encore plus loin aujourd'hui. Sur ce projet, tout en gardant mes inspirations cosmopolites, je suis davantage allé vers des influences urbaines. C'est un plaisir d'aborder encore une nouvelle esthétique. J'ai d'autres idées aujourd'hui et pense pouvoir surprendre dans les années à venir, mais, pour l'heure, je ne suis pas sûr qu'il faille que je vende la mèche. Voyons d'abord comment les choses se passent. Après tout, avancer petit à petit, c'est déjà chouette !

Au fait, comment ça s'est décidé pour toi, cette collaboration avec le SGO ?

C'est d'abord Diera Radafiarijaona, le directeur culturel du CROUS, qui m'a demandé ce que je pouvais créer pour collaborer avec l'orchestre. Au départ, il était question d'adapter certains de mes morceaux. Mais finalement, on est parti assez vite sur un programme spécial : Diera m'a passé une commande pour des compositions – en me proposant de faire ce que je voulais – et dit qu'il avait des ressources parmi les étudiants grenoblois. J'ai travaillé avec le chef du SGO, Vincent Stéphan : j'ai donc composé et arrangé, tandis que Vincent arrangeait et orchestrait. Je voudrais aussi souligner que la coordination de ce projet se fait grâce à Aminata Fall, qui fait vraiment un travail fantastique !

Pas trop compliqué d'enchaîner un nouveau projet créatif après la sortie de ton premier album ?

Non. J'éprouve aussi du plaisir à travailler dans l'urgence et l'exigence. C'est vrai que mon programme est assez dense actuellement, mais d'un autre côté, la période Covid m'a aussi ouvert des possibilités sur le temps de création. Pour le concert du 17, on a dû reporter certaines répétitions plusieurs fois, mais, du coup, j'ai eu plus de temps pour composer et intégrer des sonorités urbaines à ma musique.

Tu connaissais déjà les musiciens du Student Groove Orchestra avant de collaborer avec eux ?

Non, pas du tout. Cela dit, leur chef, Vincent Stéphan, est l'ami d'un ami à moi, Frédéric Monestier. Nous avions entendu parler l'un de l'autre, mais je ne connaissais pas les autres musiciens. On a fait des auditions. Je n'aime pas spécialement faire des choix, mais un groupe, c'est aussi une question d'équilibre musical et humain. Au final, on est ravi de l'implication de ces jeunes : ils ont un bon bagage technique, mais ils ne s'en contentent pas ! Cela me fait plaisir car je suis, quant à moi, dans une logique de transmission. Et au total, avec encore quelques invités, on sera une petite trentaine sur scène.

Comment avez-vous travaillé en amont ?

J'ai préparé des maquettes, que Vincent Stéphan a donc réorchestrées. Après, comme à chaque fois dans la musique, on s'adapte à la réalité et on compose "sur-mesure" pour le groupe. J'ai pu décider de ce que je voulais dire et de comment le dire, du point de vue musical, et, avec Vincent, on a adapté les compositions de base à l'orchestre. L'idée était de mettre en avant les interprètes, le plus possible. Notre principale contrainte a été de ne pas pouvoir jouer tous ensemble. On a formé plusieurs groupes de répétition : la section rythmique d'un côté, les cuivres de l'autre, etc. Des techniques professionnelles, en fait. Il y aussi eu des répétitions sans moi, vu que j'étais en promo de mon album. Aujourd'hui, je suis content de la tournure des choses.

Après ce concert, tu as d'autres dates prévues, cet été ?

Oui. Je jouerai au Péristyle de l'Opéra de Lyon, les 29, 30 et 31 juillet, et à Jazz à Barraux le 28 août. Peut-être aussi que je retrouverai le SGO à l'automne. Voilà déjà pour ce qui aura lieu dans le coin…


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