Le Piers est à venir

Bien que solidement campé dans les sauvages cévennes qui l'ont adopté, le musicien anglo-italien Piers Faccini continue de multiplier les voyages immobiles sur son dernier disque.


Voyage vertical et plutôt de bas en haut, si l'on en croit son titre Shapes of the Fall (Les formes de la chute). Chute physique mais aussi morale puisque Faccini y dresse le constat, pas nouveau mais compliqué à imprimer pour le commun des mortels, de la chute qui vient, celle de notre civilisation, du monde, bref de tout ce qui part à vau-l'eau sur cette planète à commencer par le climat. Ce voyage, cette belle descente aux enfers, le folkeux la double d'une descente vers le sud. Convoquant les pulsations gnawas et les transes africaines (toujours ce tropisme world dans son folk) dans ce trip étourdissant qui, pour évoquer la fin du monde, semble vouloir aller puiser à ses sources géographiques. Cela donne des morceaux vertigineux comme Foghorn Calling ou Dunyas (et ses sublimes arrangements de cordes), entre deux balades teintées de mélancolie lumineuse. Celle de l'espoir qui malgré tout demeure, sinon autant se jeter par les fenêtres du monde. Faccini déçoit rarement, mais on tient peut-être là un chef-d'œuvre tel qu'il n'en a malgré tout pas livré depuis longtemps. Un genre de chef-d'œuvre en péril qu'il va falloir chérir.

Piers Faccini. Au Musée dauphinois – Chapelle Baroque (Sainte-Marie-d'en-Haut) samedi 10 juillet à 20h.


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