Bonnie Banane, pop chaotique


Si vous êtes un peu désarçonnés à la première écoute d'un morceau de Bonnie Banane, on vous rassure : c'est parfaitement normal. Il faut dire que ces dernières années en France, on avait un peu perdu l'habitude de voir des artistes musicaux s'emparer d'esthétiques mainstream a priori bien balisées (chanson, pop, variété…) pour les transformer en autant de vivifiants terrains d'expérimentations. Il faut dire aussi que Bonnie Banane n'en est pas à un paradoxe près. Actrice formée aux arts dramatiques devenue musicienne à plein temps en l'espace d'une petite dizaine d'années, elle dispose de capacités vocales impressionnantes sans en faire pour autant un usage purement performatif, joue d'une désinvolture apparente pour mieux aborder en chanson des sujets tout sauf désinvoltes, concilie un certain héritage pop vintage très français et un goût prononcé pour les sonorités hyper-contemporaines venues d'outre-Atlantique (rap, électro, R'n'B)… Autant de grands écarts peu courants qui bousculent les attentes de l'auditeur dans un premier temps pour mieux le séduire insidieusement ensuite. Difficile en effet de résister au charme débridé et à la créativité folle qui se dégagent de son premier long-format Sexy Planet, qui la voit s'entourer d'une pléiade de producteurs triés sur le volet (Para One, Varnish La Piscine, Loubenski, Théo Lacroix, Ponko & Prinzly, Monomite…) pour mieux les mettre au service de son univers singulier et hautement personnel. Ovni extravagante semblant sortie tout droit d'une dimension parallèle, Bonnie Banane offre à la pop un bain de jouvence soul qui semblait lui faire cruellement défaut ces derniers temps.

Bonnie Banane au Cabaret Frappé (Anneau de vitesse) vendredi 16 juillet.


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