L'art au bout du fil

Émilie Chaumet investit le champ de la création contemporaine avec un travail qui revivifie la technique traditionnelle de broderie. Ça se passe au Vog à Fontaine pour le plus grand bonheur de ceux d'entre-vous qui auront la bonne idée d'aller y faire un tour.


Territoire vu du ciel, profil de visage, élément végétal, texture minérale… ? Face aux compositions d'Émilie Chaumet, notre regard (qui a la fâcheuse manie de toujours vouloir reconnaître les formes qui se présentent à lui) peut longtemps s'interroger. L'artiste, en effet, joue à entretenir un trouble perceptif en créant des figures dont on ne sait si elles renvoient à l'infiniment près ou à l'infiniment lointain – ceci d'autant plus que le format circulaire des œuvres évoque autant la vision au travers d'une longue vue que celle que permet un microscope. Mais si elle adopte ce format arrondi c'est aussi tout simplement qu'il s'agit de celui des tambours à broder sur lesquels elle travaille pendant de longues heures. Des ouvrages de broderie précis et minutieux dans lequel elle réinvestit certaines explorations graphiques dont elle présente une série sur un mur de l'exposition. « La réalisation de ces dessins est le moment le plus intime de ma création. Il n'y a aucune réflexion, je laisse aller » confie-t-elle à leur propos. À notre tour de laisser aller notre regard au fil du trait de son crayon.

Textiles épidermiques

L'ensemble de l'œuvre d'Emilie Chaumet est traversé par la tension entre les lignes qu'elle brode plus ou moins librement et par les formes préméditées qu'elle découpe dans des textiles spécifiquement choisis. « Mon rapport au textile est épidermique, il faut que je touche. C'est comme plonger sa main dans un sac de grains. » On retrouve cette tension dans la dernière installation présentée dans un espace en retrait qui donne l'impression d'une chambre secrète dans laquelle se cache un trésor. Présentées sur d'élégantes plaques métalliques suspendues, des mini-sculptures de feutre aux contours accidentés évoquent des îlots traversés par le flux des fils cousus à leur surface. Un retour à une pratique en volume qui fait écho à ses premières réalisations qu'elle présente dans le hall de l'expo. Des sculptures textiles manipulables qui raviront les marmots et qui permettront aux parents d'avoir la paix nécessaire à la contemplation du reste de l'expo.

Vue d'en haut tout semblait si fragile. Émilie Chaumet, jusqu'au 6 novembre au Vog


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