L'insurrection qui vient


En pleine ère brit-pop, au milieu des années 90, une bande de jeunes angliches d'origine paki était venu dynamiter ce paysage musical pour petits blancs grandes gueules mais inoffensifs. Sa gueule, Asian Dub Foundation, l'ouvrait plutôt deux fois qu'une pour dénoncer les injustices occidentales et le racisme rampant (souvent tout ça en même temps) à coups de disques napalmés, au croisement du rap, de la bass music et du rock fusion coup de boule à la Urban Dance Squad/Rage Against the Machine.

ADF s'impose alors avec une poignée d'albums tels que Rafi et Facts & Fictions. Mais c'est surtout sur scène que le groupe joue les grenades dégoupillées, dans le sillage du flow incendiaire de Deeder Zaman, qui tient le crachoir du groupe depuis ses 14 ans (il le quittera au début des années 2000 pour travailler dans le social) et de Chandrasonic, guitariste joueur (il accorde son instrument comme un sitar et en joue parfois avec un couteau).

Jamais à court d'innovations, le groupe multiplie les projets sortant du lot, un opéra dub-punk au milieu en 2006 et un ciné-concert sur La Bataille d'Alger pour souligner le parallèle entre la torture lors de la guerre d'Algérie et les exactions américaines en Irak. ADF n'en est alors pas à son coup d'essai ciné-militant. En 2001, le groupe projette La Haine de Mathieu Kassovitz pour sensibiliser aux émeutes qui éclatent en Angleterre sur fond de racisme. Un projet qu'ils ressortent (heureusement et malheureusement) bien souvent des cartons au fur et à mesure que l'histoire se répète. C'est encore le cas en 2021, le film de Kassovitz restant d'une cruelle actualité. Comme le talent d'ADF pour les ambiances insurrectionnelles.

Asian Dub Foundation X La Haine, mardi 28 septembre à la Source, de 17 à 20€


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Émilie Chaumet, l'art au bout du fil