Pierres, papiers, ciseaux...

Intitulée "Architectures de papiers", la nouvelle exposition de la Maison Bergès réunit quatre artistes qui font de la découpe et du pliage un art de la construction. Une sympathique proposition qui fait écho au lieu qui l'accueille : la demeure d'un industriel du papier.


Une même volonté de construire des architectures singulières avec un matériau commun, le papier, réunit les quatre artistes que la Maison Bergès présente dans sa nouvelle exposition. Quatre femmes dont chacune se démarque par une technique et un univers singulier, que l'exposition nous fait découvrir grâce à une sélection d'œuvres de chacune d'entre-elles.

Formée par un maître japonais, Ingrid Siliakus excelle dans le domaine de l'architecture origamique : des pliages millimétrés et une découpe laser lui permettent avec une seule et unique feuille de papier de reconstituer en miniature les grands monuments célèbres (le Taj Mahal, la Sagrada Familia ou encore le Colisée à Rome). En faisant pour sa part usage du cutter, Béatrice Coron revendique le "fait-main" et donne naissance à des découpages narratifs tout en dentelle dont le gigantisme contraste avec leur apparente fragilité.

De son côté, Mathilde Nivet joue sur le contraste entre l'allure austère de certains bâtiments (la maison Bergès ou la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris) et l'effervescence créatrice qui s'y dissimule : la maison Bergès est envahie par des fleurs découpées inspirées des papiers peints qui ornent ses murs, tandis que grâce à un petit interrupteur, le visiteur peut illuminer l'intérieur de la bibliothèque susnommée et révéler l'exubérante effervescence qui l'anime : des rats vont chercher des livres, des amoureux se cachent derrière les rayonnages... Mathilde Nivet réalise également ce qu'elle nomme des "hypervilles", collages réalisés à partir de tout ce que les villes modernes peuvent compter de bâtiments "moches". Des assemblages néo-dada plutôt réjouissants, peut-être susceptibles de nous réconcilier avec cette urbanisation au rabais.

Enfin, Stéphanie Beck interroge l'urbanisation contemporaine nord-américaine, à travers des maquettes de quartiers à l'urbanisme orthonormé, ou par le biais de dispersion, dans les plaines du Nevada, de maisons-boîtes qui évoquent la standardisation des lotissements qui colonisent ces territoires. En clôture de parcours, un espace atelier est susceptible d'être animé ponctuellement et permettra aux plus jeunes (et aux adultes) de passer à la pratique de la découpe et du pliage. A vos ciseaux !

Architectures de papier, à la Maison Bergès, Villard-Bonnot, jusqu'au 2 janvier 2022


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