L'enfance de l'art


La fascination que le peintre Nicolas Marciano voue aux ambiances forestières est au moins égale à celle qu'il éprouve à l'égard du monde de l'enfance. C'est précisément à l'orée de ces deux univers que se déploie son exposition à l'espace Vallès.

Au rez-de-chaussée, sur de grands formats, sa peinture oscille entre néo-réalisme gestuel et spontanéité enfantine : au sommet d'un arbre une cabane nous surplombe, une échelle et un escalier esquissés à la bombe semblent permettre d'y accéder. Plus loin, au cœur de mystérieuses forêts, surgissent d'étranges oiseaux-totems dont la luminescence du trait enfantin, tracé à la bombe, évoque un néon qui éclaire la nuit.

Sur une peinture au format plus modeste, enfermé sous une cloche en verre, ce volatile stylisé fait face à un merle (très illusionniste celui-ci) dont on ne sait s'il lui voue un culte occulte ou s'il s'interroge sur son sort… Nicolas Marciano, à la manière des surréalistes, parvient grâce à la juxtaposition d'éléments hétéroclites à produire une esthétique qui se nourrit des énigmes qu'elle expose. Cette étrange mise sous cloche des éléments revient d'ailleurs à plusieurs reprises, de même que cette cohabitation entre maîtrise picturale et facture enfantine. Précisément, à l'étage, on retrouve cette réjouissante association de techniques variées et de traitement improbables dans une série de dessins étonnants. On pense tout particulièrement à ce sympathique dinosaure dont le modelé classique des pattes contraste avec le graphisme nerveux des écailles, tracé à la craie grasse, tandis que sa gueule fantomatique semble réalisée au moyen d'un procédé d'estampage.

À l'orée des forêts, Nicolas Marciano, jusqu'au 30 octobre à l'espace Vallès, Saint-Martin d'Hères


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