Ainsi chante Ramona


Pour illustrer la singularité de Ramona Córdova, qui n'est pas que musicale, il faudrait évoquer la manière dont il est apparu dans le paysage musical. Un premier album, The Boy who floated freely, encensé par la critique, et plus de nouvelles pendant sept ans avant de réapparaître comme une fleur avec Quinn to new relationships.

Entre temps, tour du monde, vagabondage et à peu près tout sauf l'idée d'un plan de carrière. Depuis, il faut le reconnaître, l'Arizonien ne s'est heureusement pas pour autant complu dans un laisser-aller décennal à la Laurent Voulzy. Au contraire, il fait preuve d'une régularité de métronome et même carrément olympienne : quatre ans entre chaque disque. C'est bien le minimum pour continuer de livrer des perles folk aux allures d'herbes folles et imprévisibles.

Si l'on retrouve sur Naïve, le long format paru cette année, la voix haut-perchée/enfantine/passablement cynoque de Ramona, elle s'accompagne ici d'arrangements aussi foutraquement lo-fi (Mouth of Autumn) que parfois baroques – obédience musique de chambre fermée à double tour autour d'un enfant génial, quelque part entre les premières embardées freak folk de CocoRosie (Men of the Mountain) et les élucubrations martiennes de Wayne Coyne avec ses Flaming Lips (sublime Loving Him). En sortie d'album, sur le bouleversant The End, qui reprend la trame du célèbre tube apocalyptique de REM It's the end of the world as we know it (and I'll feel fine), Córdova marcherait presque sur les plate-bandes d'un Bon Iver aussi sylvestre que funèbre, comme s'il en figurait le jumeau maléfique poussé dans une grotte forestière et soudain découvert dans la bouche de l'automne. Saisissant.

Ramona Córdova + Claire Days. Le dimanche 17 octobre au Ciel.


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