L'envol rock de Loizeau


Il fut un temps, il y a une quinzaine d'années, où Emily Loizeau émargeait au milieu d'Anglo-saxons sur un beau label parisien baptisé Fargo ayant pour raison sociale de mettre en valeur les talents d'un genre alors revenu en grâce dans le paysage indé : le folk. Un label qui eut le bon goût de faire découvrir à l'Hexagone des talents aussi purs qu'Andrew Bird, Alela Diane, Neal Casal, Shearwater, J. Tillman, Great Lake Swimmers, Chris Garneau, et une poignée de scandinaves aux racines poreuses à l'Americana (Christian Kjellvander, Hederos & Hellberg, Nicolaï Dunger). Emily Loizeau en était l'exception française, sise à mi-chemin entre chanson et folk donc. Enfin, française mais pas que, la jeune femme étant moitié anglaise, ceci expliquant sans doute une part de son tropisme.

La voilà qui aujourd'hui va encore plus loin en livrant avec Icare son premier album résolument estampillé rock – elle que l'on savait grande fan de Lou Reed. Certes on y retrouve ce piano nourrissant toujours un penchant pour la ballade, mais garni de guitares parfois furieuses et d'une voix qui cherche à s'arracher à son ordinaire chanson. Pour bien faire et bien sonner c'est le sorcier John Parish qui se colle à la production, fiévreuse. De folk, il est pourtant toujours un peu question puisque la chanteuse s'attaque à un classique de Bob Dylan, The Girl from the North Country, adapté en Celle qui vit vers le sud, en hommage (poignant et délicat) à une connaissance venue de Guinée pour échapper à un mariage forcé. La chose rappelle autant PJ Harvey (favorite de Parish), Kate Bush ou My Brightest Diamond que la Rennaise Laetitia Shériff avec laquelle le cousinage devient soudain presque évident. On est curieux de voir ce que cet écart nommé Icare donnera une fois transposé sur scène.

Emily Loizeau mercredi 20 octobre à la Source


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