"Golden Door", exode sicilien


Révélé au grand public par son deuxième film Respiro (2002), à la fois lumineux de sensualité salée et douloureux d'oppression morale sicilienne, Emanuele Crialese signait quatre ans plus tard une étonnante fresque historique avec Golden Door, alias Nuovomondo. Relatant le désir d'une vie meilleure en Amérique pour les damnés de la terre sicilienne (encore) au début du XXe siècle, les déconvenues naissant durant un voyage où les migrants sont entassés comme des marchandises. Et surtout celles les attendant à l'arrivée à Ellis Island, où s'opère une sélection drastique — « le premier programme d'eugénisme à grande échelle » selon le cinéaste.

S'il est abrupt et méticuleusement réaliste dans sa reconstitution (il ne déparerait d'ailleurs pas dans la filmographie des Taviani ou de Ermanno Olmi), Golden Door s'offre aussi des éclats de poésie métaphorique, à l'image de son final voyant ses protagonistes nager avec peine dans une mer de lait, lestés par leur vêtement mais portés par leur espérance et le Sinnerman de Nina Simone — pour l'anecdote, un autre film en compétition à Venise la même année se concluait sur ce titre : Inland Empire de David Lynch. Présenté en partenariat avec Dolce Cinema, ce film constitue un très appétissant avant-goût des Rencontres du cinéma italien.

Golden Door mardi 9 novembre à 20h au Cinéma Juliet-Berto, Grenoble.


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