Diptyque amoureux


« Ce que j'essaye de faire avant tout, c'est de sortir de la photographie ». C'est plutôt réussi. À la galerie Ex-Nihilo, Jean-Pierre Bonfort expose une série troublante à bien des égards. Confrontant la couleur au noir et blanc, le végétal à l'architectural, l'organique au géométrique, le photographe réalise des diptyques qui sèment la confusion. Notre esprit cartésien est contraint de se mettre en sourdine et notre regard de se laisser porter par ces images dont on ne sait jamais très bien ce qu'elles sont ni d'où elles viennent. Photogrammes ? Herbiers imaginaires ? Aquarelles ? Gravures ? Notre perception est mise à mal, ceci d'autant plus que la texture du sopalin utilisé par Jean-Pierre Bonfort pour tirer ses images confère un grain particulier qui ajoute encore à la confusion des sens. « C'est la matière qui m'intéresse », nous assure-t-il. Une matière photographique qu'il expérimente, malmène et distord pour le plus grand plaisir du regardeur curieux, qui sera séduit par l'inconfort perceptif dans lequel il est contraint d'évoluer. L'explosion d'un élément architectural évoque une coulure de peinture, les tours du World Trade Center apparaissent, évanescentes, comme deux lignes tracées au lavis, l'arborescence foisonnante d'un buisson a des allures de peinture expressionniste abstraite...

Sopalins de Jean-Pierre Bonfort, à la galerie Ex-Nihilo jusqu'au 27 novembre


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