Jubilations premières


Cela fait plusieurs années que l'on suit les pérégrinations musicales de Nick Pulpman, plus particulièrement au sein de Hold Station qui, nourri par les excès créatifs de King Gizzard & The Lizard Wizard, fit les belles heures du rock psychédélique grenoblois. Plusieurs années qu'on l'écoute avec plaisir jouer pour l'un, chanter pour l'autre, sans jamais vraiment permettre à son ego de briller en pleine lumière. Dommage, qu'on se disait. On ne se le dit plus. Après un premier EP un peu trop vite fabriqué (mais déjà prometteur) paru à la sortie du confinement, Nicolas Delmas a cette fois pris le temps nécessaire pour réaliser un grand premier album, nommé Shambles. Le temps de digérer une histoire d'amour compliquée, voire dévastatrice ; le temps de transformer son amertume en chansons expiatoires ; le temps de s'entourer de ses plus proches amis musiciens pour leur donner du relief.

Produit par Koonda Holaa – pointure inclassable du blues –, Shambles est une sorte d'hommage au rock dans sa dimension la plus classique (et donc, peut-être, la plus essentielle), de la ballade lou-reedienne Plastic People aux accents metal de Quarantine, en passant par le doux psychédélisme de Miscommunication (quelle belle nappe de synthé !) et la pop sautillante très sixties de Dream within a dream. Le rock – ce genre qui tourne un peu en rond depuis des années, souvent pollué par tant de beaufitude intrinsèque – est ici délicatement sublimé dans un acte artistique jubilatoire. C'est très rare alors soulignons-le, autant de fois que nécessaire.

Nick Pulpman + Koonda Holaa + Good Brat + Skalingrad le 27 novembre à l'Ampérage


<< article précédent
Tympan dans l’œil, le son live du cinéma