Concerto en braille


« Tu sais, une machine Perkins, normalement c'est pas pour faire de la musique. Moi ça me sert à écrire en braille parce que je suis déficient visuel et que je ne lis pas en noir comme les voyants. » Fadi, 9 ans, élève à l'école élémentaire Ferdinand-Buisson, participe à un étonnant projet avec neuf autres de ses camarades. Tous en situation de handicap visuel, ils répètent depuis quelques semaines, aux côtés de 30 élèves-musiciens du collège Charles-Munch, le Concerto pour machines Perkins, œuvre de François Rossé pour ensemble instrumental et machines à écrire en braille, utilisées ici comme instrument de percussions.

« Les machines constituent un pupitre comme les autres, avec une partition écrite pour elles », explique Christophe Louboutin, professeur de guitare au Conservatoire et intervenant sur le projet. « C'est un morceau contemporain d'une grande exigence artistique, comportant des passages improvisés et d'autres très écrits. Pour les malvoyants, des repères sonores leur permettent de savoir à quels moments ils doivent intervenir. Ce qu'ils joueront pendant la pièce est loin d'être anodin. »

L'œuvre a été composée à la demande de l'association VOIR par François Rossé, pianiste, compositeur et improvisateur renommé, habitué des pièces contemporaines, parfois incongrues, mêlant musiciens amateurs et professionnels. « Je considère que la musique prend un sens dans la synergie entre une exigence artistique entière et une dimension humaine sociale engagée. Ces œuvres impliquant les enfants sont liées à une attitude très professionnelle et non une production pédagogique souvent mise en condescendance », explique le musicien qui jouera avec l'orchestre lors des dernières répétitions et du concert final proposé dans le cadre du Mois de l'accessibilité de la ville de Grenoble.

Concerto pour machines à écrire en braille le 20 novembre à 15h au Conservatoire de Grenoble, salle Steckel