Si maman si ; si seulement


Il était une fois une famille catholique de l'Ouest de la France, que l'on pourrait classer du côté de la petite bourgeoisie. Il était une fois une mère qui, progressivement, va embrasser la cause des traditionalistes. C'est l'époque du vote de la loi dite du mariage pour tous, et de ces manifestants bien décidés à ce que cette, selon eux, « menace contre la famille » ne soit pas adoptée. C'est, surtout, l'époque où des gamins étaient traînés dans les cortèges pour scander des slogans du type « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants ». Leur a-t-on demandé, à eux, ce qu'ils en pensaient vraiment de tout ça ?

Avec Le Fils, l'autrice Marine Bachelot Nguyen a construit un texte fort (quoiqu'un brin balisé) sur une mère aveuglée par son combat. En jouant autant sur le "je" que sur une parole plus extérieure à la troisième personne du singulier, elle a offert à la comédienne Emmanuelle Hiron la possibilité d'incarner avec recul cette militante sur le tard. Son monologue captive alors pendant une heure, notamment grâce au travail sobre du metteur en scène David Gauchard – qui, pour la petite histoire, a commandé ce récit à l'autrice après avoir croisé, en 2011, une manifestation de catholiques intégristes contre le spectacle Sur le concept du visage du fils de Roméo Castellucci. En découle une pièce qui parle avec tact d'aujourd'hui, sans accabler son personnage principal. La fin n'en est que plus violente.

Le Fils vendredi 19 novembre à 20h à l'Odyssée, Eybens


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