Galerie street-art avec vue

Une station de ski fantôme et un bâtiment abandonné transformé en galerie de street-art : c'est le menu de cette escapade sur le plateau matheysin, au sud de Grenoble.


La route qui mène au hameau de la Chaud, sur les hauteurs de Saint-Honoré, un petit village de 800 âmes situé à quelques encablures de la Mure, s'élève peu à peu. Les lacets serpentent dans la montagne et laissent entrevoir la silhouette grise d'un bâtiment déserté, qui domine le paysage. Une image de désolation qui est devenue le symbole de la station fantôme de Saint-Honoré, aménagée dans les années 80, et abandonnée une décennie plus tard, payant le prix du redressement judiciaire et de la condamnation pour escroquerie du promoteur immobilier chargé de développer le site ainsi que des déboires financiers de la mairie, qui exploite le domaine.

Sur le papier, le coin n'est pas très vendeur pour une escapade. Pourtant, les amateurs de street-art et les photographes ne s'y trompent pas. En accès libre, le bâtiment abandonné, qui devait accueillir des appartements et un hôtel, s'est transformé au fil du temps en un festival Peinture Fraîche à ciel ouvert, comme l'explique Christophe Stagnetto, photographe qui habite le hameau de la Chaud : « Quand j'ai connu le bâtiment, il y a une quinzaine d'années, il était encore en béton brut. Aujourd'hui, il ressemble à une galerie d'art, avec des fresques un peu partout ». Parmi les signatures présentes, celles de Diseck, un street-artist grenoblois, revient souvent, sur les fresques géantes réalisées à la bombe ou au rouleau, au premier niveau de l'édifice et un peu partout dans les étages.

« Ambiance surréaliste »

Les lieux sont également devenus un terrain de jeu privilégié pour les photographes, attirés par les contrastes offerts par ce bâtiment à l'ambiance urbaine, mais qui offre au détour d'un regard un point de vue à 180° sur les massifs de l'Obiou et du Vercors. « Les jours de brouillard, quand le soleil filtre par les fenêtres ou quand le givre se dépose sur les végétaux qui ont poussé dans le bâtiment, on est vraiment dans une ambiance surréaliste. » Une atmosphère singulière que l'on retrouve particulièrement dans ce qui aurait dû devenir la grande salle de restaurant, dominée par une charpente ouverte aux quatre vents et dont le sol se couvre de neige en hiver.

Il n'en fallait pas plus pour que le site trouve son public, des street-artistes aux photographes, en passant par les troupes de danse et les groupes de rap en quête d'un nouveau décor. Alors, en attendant que leur propriétaire décide, ou non, de leur donner une nouvelle vie, les friches de Saint-Honoré ont trouvé leur façon d'exister, comme le souligne Christophe Stagnetto : « C'est une manière de donner une raison d'être à ce qui ressemble, vu de l'extérieur, à une verrue dans la montagne, et qui est devenu un lieu culturel. »

Saint-Honoré 1500 hameau de la Chaud, à Saint-Honoré, à 40 km de Grenoble, par la N85. Facilement accessible, le bâtiment principal comporte cependant certains recoins non sécurisés, qui peuvent être dangereux, notamment par temps de neige. Prudence !


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