Le charme de l'Oblomovisme

Chef d'œuvre de la littérature russe, Oblomov est adapté à la scène par Les Tréteaux de France. On a vu le spectacle à l'Hexagone de Meylan : mentions spéciales à l'interprète d'Ilya Ilitch Oblomov, Guillaume Pottier, et à la mise en scène de Robin Renucci.


Oblomov, Ilya Ilitch de son prénom, élève la paresse en art de vivre. Vautré dans son lit, en robe de chambre, sa mauvaise foi et son oisiveté patente agaceraient n’importe qui. Puis au fil des 2h30 de la pièce (un poil long, mais on ne résume pas un monument de la littérature russe de 500 pages en une heure), on s’adoucit face à ce caractère enfantin et bon, qui finalement souffre du mal qui le ronge et auquel il a donné son nom : l’Oblomovisme, terme encore usité aujourd’hui pour désigner un fainéant, un gros dormeur… Il est si touchant qu’on finit par avoir presque envie de le rejoindre dans son petit intérieur feutré, encadré de voilages, pour se laisser aller à une décadente paresse, laisser tomber le monde… Presque ; jusqu’à ce que cet intérieur devienne une prison, palais d’ennui et de mollesse, désiré et haï à la fois. La magie Oblomov opère, et c’est en grande partie dû à la performance du comédien qui l’incarne, Guillaume Pottier : un Ilya Ilitch plus vrai que nature, puéril comme un ado, exalté comme un amoureux, paresseux, tire-au-flanc, peureux, perdu. Très maligne, aussi, la mise en scène imaginée par Robin Renucci. Au final, quel charme, cet Oblomov…


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