Magnifier le dérisoire

L'espace Vallès de Saint-Martin-d'Hères réunit deux photographes qui parviennent à rendre la beauté d'images a priori anodines, Julien Guinand et Éric Hurtado.


Invité par l’espace Vallès à faire dialoguer ses images avec celles d’un autre photographe, Éric Hurtado a d’emblée pensé au travail photographique de Julien Guinand. Tous deux portent un intérêt pour les paysages et les traces – dérisoires ou monumentales – que l’activité humaine peut y laisser. Julien Guinand évolue plutôt du côté du documentaire, tandis qu’Éric Hurtado développe une approche teintée de poésie. Réalisés au Japon, les clichés de Julien Guinand témoignent de la manière singulière que les habitants de l’archipel ont de modeler le paysage (treillis de béton, recouvrements de ciment…), au point que la nature leur semble soumise. Or, c’est plutôt l’inverse : ces infrastructures monumentales attestent de la puissance des manifestations naturelles auxquels les Japonais sont soumis.

De son côté, Éric Hurtado choisit pour ses diptyques des titres laconiques qui ouvrent une dimension poétique dans laquelle le dérisoire est souvent magnifié : une balançoire vermoulue et les herbes couchées dans un champ s’intitulent Mon Cœur ; un toboggan bosselé et une chambre désertée : Là-bas ; ou encore  La lisière, un immense diptyque panoramique dans lequel chaque image isole le minéral du végétal, tandis que le bitume et la glissière du premier plan nous en signifie la continuité.

La voie du milieu Julien Guinand, Éric Hurtado, jusqu'au 23 décembre à l'Espace Vallès, Saint-Martin-d'Hères


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