The Limiñanas : dans la brume électro

En 2018, on consacrait la Une du Petit Bulletin aux Catalans de The Limiñanas avant leur venue à la Belle Electrique (déjà) ; pour notre plus grand plaisir, le groupe est de retour, avec un pari risqué mais réussi : un album en collaboration avec le DJ Laurent Garnier.


Il y a chez The Limiñanas un tropisme collaboratif qui confine à la gourmandise, à une insatiable envie de se mélanger, d'hybrider, de copuler joyeusement. Emulez, émulez, il en restera toujours quelque chose, aurait pu dire le poète. C'est cette stratégie du mouvement perpétuel et du crash-test sans cesse réitéré qui semble maintenir la flamme des Perpignanais. Récemment il y eut les partages avec Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner sur leur projet commun L'Epée, les invitations faites à Peter Hook et Bertrand Belin sur le précédent album estampillé Limiñanas et des embardées avec Etienne Daho, Kirk Lake ou Golden Bug.

Et voilà De Pellicula qui convie le pape techno Laurent Garnier à un pas de deux. On n'ira pas jusqu'à dire qu'on aurait pu s'attendre à ce mariage de la carpe et du lapin mais connaissant les deux parties, on est finalement guère étonné. Après tout, il ne s'agit que de l'union entre deux formes de psychédélisme – rock d'un côté, électro de l'autre.

Un mariage – qui compte quelques invités dont le fidèle Belin – plus harmonieux qu'ont eut pu l'imaginer puisque Garnier se fond corps et biens dans l'univers des Limiñanas, loin d'une simple friction rock vs électro avec bandage de muscles et surenchère de big beat. Le résultat, aussi tellurique que subtil – ce qui n'est pas le moindre des exploits –, et voisin de la transe,  se rapprocherait davantage d'une mixture kraut rock qui viendrait croiser le fer avec cette geste rock dansante entrevue plusieurs fois chez les hybrides Primal Scream.

Mais c'est aussi un album concept, un road movie musical, une balade sauvage – celle d'un jeune provincial en rupture et de sa Juliette – qui emprunte à celle de Terrence Malick comme à Sailor & Lula et qui donc finit mal. Seul coup de canif dans le contrat, en l'absence de Garnier, excusé pour cause d'emploi du temps, le groupe sera seul à défendre la chose en live.

The Limiñanas vendredi 3 décembre à la Belle électrique


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