La quête de la nuance


Dans une époque en proie à un manichéisme certain, comment traiter le sujet du racisme sans tomber dans un poncif ou un autre ? C’est le défi qu’a cherché à relever Sylvie Jobert en mettant en scène Gens du Pays, d’après un texte de Marc-Antoine Cyr. Pitch : un jeune garçon noir, Martin, 14 ans, est interpellé et interrogé par une policière qui « ne se sent plus chez elle ». Elle-même partage sa vie avec un professeur enthousiasmé par la variété des couleurs de peau qui peuplent sa classe, y voyant « de l’exotisme, là où il n’y en a pas », complète Sylvie Jobert. La confrontation est inévitable, d’autant qu’intimement, « chacun est persuadé d’agir pour le meilleur ». Au milieu de cela, Martin, incarné par Mouradi Mchinda, s’interroge sur son identité et sur celle qu’on lui renvoie, entre les remarques acides de l’uniforme et les transports de l’enseignant. « C’est un terrain miné. On s’est pris le chou avec Hélène Gratet (qui incarne la policière, ndlr), pour ne surtout pas tomber dans la caricature. Le texte est très bien écrit, donc nous nous sommes accrochés à cette mécanique du dialogue vraiment bien ciselé. Mais sur scène, il faut jouer fin. » Pour éviter de se limiter à « une simple pièce sociale », le collectif Troisième Bureau a enrichi la mise en scène avec un musicien au plateau, le Grenoblois Arash Sarkechik, d’un chœur de loups composé de voix du conservatoire, et d’une fresque mouvante d’ombres chinoises… Une pièce terriblement d’actualité qui se doit de tomber juste.

Gens du Pays 4 et 7 janvier à 19h30, 5 janvier à 10h et 6 janvier à 10h et 14h30 à l’Espace 600 à Grenoble, ainsi que le 12 janvier à 20h et le 13 janvier à 14h30 à l’Heure Bleue de Saint-Martin-d’Hères


<< article précédent
Klô Pelgag, extravaganza québécoise