Rendez-vous sous terre inconnue

Aux cuves de Sassenage, on trouve comme dans presque toutes les grottes des légendes, de l'eau, des chiroptères, d'étonnantes formations géologiques mais on y entend aussi des anecdotes un peu inquiétantes, comme des groupes de touristes ou d'élèves coincés par une brusque montée des eaux. Visite avec Hervé Sérafin, régisseur et guide du site depuis 34 ans !


Le parcours pour visiter la grotte commence… en plein air, par une marche d’approche de 20 minutes le long des eaux limpides du Germe, affluant du Furon tout proche et exsurgence du gouffre Berger. Issues des plateaux de Saint-Nizier et de Sornin, les eaux de la rivière souterraine ont fait leur œuvre il y a 1, 5 million d’années pour façonner l’une des sept merveilles du Dauphiné. « Les premières visites officielles ont commencé en 1865 », explique Hervé Sérafin, « mais les visiteurs ne parcouraient pas plus de 20 mètres dans la grotte. » Passé le monumental porche naturel d’où sourd un Germe déchaîné, notre guide nous ouvre les grilles donnant accès à une étroite galerie où l’on peut observer deux cuves remplies d’eau. Ces cuves, qui donnent son nom à la grotte, sont liées à une croyance populaire qui promettait des récoltes en abondance si elles étaient pleines à l’Épiphanie. « Il y a deux jours, il y avait au moins 80 centimètres d’eau dans cette galerie », indique notre guide qui enchaîne sur une anecdote guère plus rassurante : l’histoire d’un groupe de 22 collégiens et de leurs trois accompagnateurs coincés dans la cavité durant 9 heures suite à une brusque montée des eaux. « C’était en 2002. J’ai donné l’alerte, les secours sont arrivés mais les enfants ont pu sortir vers minuit quand l’eau a commencé à baisser. »

La visite se poursuit par d’étroites galeries peu équipées qui lui donnent une touche singulière et sportive. Le passage dans la galerie des enfers, partie encore active de la grotte où coulent les eaux du Germe, fait forte impression. « Ici l’eau atteint le plafond dix à quinze fois par an. » Le contraste est saisissant avec la partie fossilisée, si proche mais étonnamment silencieuse et vaste. Un peu plus loin, entre la salle des Éboulis et la grande salle finale Saint-Bruno, le guide attire notre attention sur les nombreux silex figés dans le calcaire sénonien. « C’est rare d’en trouver autant dans les grottes. C’est l’une des particularités des cuves. » Si proche d’une grande agglomération, ce parcours souterrain de 500 mètres réserve de belles surprises et incite à l'exploration des 14 autres kilomètres découverts par les différentes générations de spéléologues.

Grottes des cuves de Sassenage Visites spéciales Noël du 18 au 24 décembre, avec décoration thématisée. www.grottelescuvesdesassenage.fr


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