La fantaisie hypnotique de Gallotta


L'illustre chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta livre avec Le jour se rêve un spectacle de puriste, un retour sans fard aux premières heures de sa danse. Le rideau se lève sur dix danseurs à l'allure androgyne, moulés dans des combinaisons façon Frères Jacques, blazers noirs, arborant des cagoules colorées. Silence. Les premiers mouvements sont seulement rythmés par le bruit léger des pas sur la scène. Puis démarre la musique lancinante et chamanique composée par Rodolphe Burger, colonne vertébrale du spectacle. Lumineuse, la bande-son enveloppe les danseurs dans une transe puissante et malicieuse, faite d'une myriade de petites bulles de légèreté et de célérité. Parfois le silence revient, le temps se suspend, jusqu'à ce que les nappes de guitare de Rodolphe Burger ramènent le spectateur dans son état de ravissement hypnotique.

Ne cherchez pas de sens ou de narration. Contrairement à ses dernières productions, notamment le fameux L'homme à tête de chou, Jean-Claude Gallotta s'en tient à ce qui est fondamental dans Le jour se rêve, la danse toute nue, empreinte d'une sérieuse gaieté. Souvenir de ses débuts à New York, des exercices inlassables dans la sobriété du studio, « attitude, attitude, attitude, battement », les corps et les mouvements sont à leur essence et jouissent de la seule danse, allégrement pop et savante ; dans le plus pur style développé par Jean-Claude Gallotta auprès de Merce Cunningham dans les années 70. Ludique, beau, réjouissant.

Le jour se rêve les 19, 20 et 21 janvier à 20h à la MC2, Grenoble


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