Les mélodies du bonheur par Poupard


Ils ont débarqué sur la scène grenobloise il y a quatre ans. Avec un vieil orgue arrangeur kitsch, un nom en hommage à Patrick Dewaere dont ils reprirent Le Policier – eh oui, Patrick Dewaere a un peu chanté dans sa courte carrière –, de beaux vers crus de Georges Bataille plein les poches, des ritournelles enfantines et des histoires poignantes de jeux télé. Ça s'appelait Poupard et on n'avait jamais vu ça. C'était étrange et déroutant. En 2019, le duo sortait un deuxième album plus accessible, dansant à souhait, fourmillant de tubes tarabiscotés et néanmoins rassurants avec, en guise de conclusion, l'une des plus tendres comptines du monde (Nous avons joué tous les deux). On était toujours un peu déroutés, mais déjà séduits. Derrière les textes gentiment obscènes et l'ironie bienveillante de la partition, sourdait une joie immense et fort communicative.

Une joie que l'on retrouve dans Cérémonie Malgache, paru le 10 janvier. Un troisième album très bref (18 minutes) dans lequel Poupard chante comme on ne l'a jamais entendu chanter. Car la grande nouveauté et la grande réussite de cet opus, ce sont les mélodies : travaillées avec beaucoup de sérieux en quête du phrasé parfait, de l'intervalle irrésistible, de la note embusquée. Dans le genre, citons Kojak et l'instrumentale Un flic au cœur tendre semblant tout droit sortie d'une comédie française des années 1970 (avec Pierre Richard). On aime aussi l'instru enveloppante de Coma (monologue intérieur et primesautier très bien écrit) et la guitare de H.L.M. qui, comme le précise le groupe, n'est pas une reprise de Renaud. Tant mieux : on préfère mille fois Poupard.

Cérémonie Malgache de Poupard poupard.bandcamp.com/album/c-r-monie-malgache


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