Au centre de la scène, un trapèze dont le balancement métronomique s'apparente à celui d'une horloge. De part et d'autre deux plateformes suspendues dans le vide sur lesquels cinq personnages en robe de chambre semblent avoir échoués par hasard. Le tout plongé dans une obscurité à laquelle une ambiance musicale envoûtante donne une inquiétante épaisseur. Le spectacle peut commencer. A l'inverse des trapézistes de cirque traditionnel, la troupe de Mélissa Von Vépy évolue au ras du sol, refuse le démonstratif et surtout ne cesse d'hésiter, de douter et de se chahuter. Oscillant entre des phases d'euphories délirantes, des moments d'inquiétante solitude ou de désœuvrement contemplatif (ce n'est pas tous les jours qu'on voit sur scène fumer des circassiens), les personnages des Flyings font se côtoyer avec élégance le n'importe-quoi et le gracieux. Ils apparaissent ainsi au fil du spectacle comme un concentré d'Humanité. Une Humanité coincée entre son aspiration à l'élévation et la triviale loi de la gravité, une Humanité pleine d'atermoiements, hésitante, en quête de cet instant d'apesanteur illusoire, le fameux « point mort ». Bref, une humanité flottante qui fascine visuellement et qui ouvre des réflexions sur la condition Humaine.