Subventions culturelles en Pays Voironnais : une note interne qui ne passe pas

Un document de travail de l'intercommunalité du Pays Voironnais mentionne, à l'ordre du jour d'une réunion, la suppression pure et simple des subventions aux associations culturelles. Ces dernières sont immédiatement montées au créneau, tandis que le président Bruno Cattin parle d'une « erreur ».


A l'ordre du jour de la réunion de la commission culturelle de la Communauté d'agglomération du Pays Voironnais (CAPV), les subventions accordées aux associations culturelles du territoire, qui regroupe 31 communes pour près de 100 000 habitants.

Dans une note de préparation de la réunion (qui n'était pas censée être rendue publique), il est question de supprimer l'enveloppe de 30 000 euros annuels alloués aux associations culturelles. Motifs invoqués : 1) ce n'est pas la compétence de l'intercommunalité, mais celle des communes.  2) l'évaluation des retombées de cette enveloppe est difficile. 3) cette dotation doublonne avec celle gérée par la partie tourisme.

Pourtant, sur son site internet, le Pays Voironnais mentionne bien parmi ses compétences la culture et le patrimoine. En 2021, ces 30 000 euros ont été distribués à une grosse vingtaine d'associations, soit pour chacune autour de 1000 euros de soutien pour l'année.

Prenant connaissance de cette note, deux jours avant la fameuse réunion, les associations culturelles du Pays Voironnais ont immédiatement réagi. Une lettre de protestation, signée (dans un délai de 48 heures) par une douzaine d'associations, a été largement diffusée. « On peut appeler ça un désengagement ! » constate François Germain, à la tête de la Théorie des Espaces Courbes (Tec), centre d'art implanté à Voiron. Reporter l'ensemble des subventions culturelles sur les communes, pour lui, ça ne tient pas debout ; d'autant que leurs finances sont de plus en plus contraintes. La Tec, par exemple, reçoit 500 euros de la ville de Voiron, 1500 de l'intercommunalité, pour toute l'année.

« L'autre problème, c'est que les aides du niveau au-dessus (Département, Région, Etat…) sont conditionnées à l'obtention de subventions locales ! L'autre point gênant, c'est qu'on nous demande de réaliser des bilans très détaillés de ce qu'on fait, et on leur fourni. C'est un peu gonflé de dire qu'on n'arrive pas à évaluer les retombées… » Dans leur courrier, les associations ont en effet précisé quelques chiffres : 1200 spectateurs au festival Musifrat organisé par la fraternelle rugby, 3000 aux représentations de Accent Tonique, 600 pour la Biennale d'art organisée par la Tec, 800 au festival des arts urbains piloté par les MJC…

La réaction épidermique des associations culturelles est « légitime », tempère le président de la CAPV, Bruno Cattin, visiblement embêté. Il précise d'emblée que l'enveloppe de 30 000 euros provisionnée en 2022 sera bien maintenue comme prévu. « C'est impossible de dire à des associations qui ont travaillé sur des événements qu'on leur retire leur subvention, deux mois avant ! », dit-il. Selon lui, cette note interne « n'a pas été préparée, ni validée par la direction générale. C'est une erreur. » Bruno Cattin reconnaît toutefois que la CAPV est « engagée dans une révision générale de l'ensemble des politiques publiques ». C'est-à-dire qu'elle évalue la pertinence de ses investissements, en gros. « Sur la culture et la solidarité, une réflexion est en cours pour en faire un champ partagé entre les communes et l'intercommunalité. » Les meubles ont été sauvés pour 2022, mais qu'en sera-t-il en 2023 ? « Il n'est pas question de supprimer brutalement les subventions, nous verrons si au cours des réflexions menées en 2022, de nouvelles modalités auront été pensées », indique Bruno Cattin. De quoi laisser les associations sur le qui-vive.


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