Vert en prose


Un enfant sage et débonnaire, fasciné par la couleur verte qui orne les coffres fabriqués par son père menuisier, fréquente assidûment une bande d'oiseaux dans une clairière. Un jour, ceux-ci lui annoncent qu'il va devenir roi. Et il devient roi. Un bon monarque à la tête d'une Irlande où règnent la paix et le plaisir. Mais bientôt, le mal s'instille dans les corps et les âmes, le peuple sombrant petit à petit dans une vulgaire folie sanglante… Ainsi se résume l'intrigue de La Légende de Conaire Mór, « conte pour les grands » écrit par le journaliste grenoblois Jean-Louis Roux et paru il y a quelques mois. S'inspirant de la mythologie celtique irlandaise – et surtout d'une série de dessins drôles et élégants, tout en déclinaisons de verts clairs ou foncés, imaginés par le bédéiste milanais Sergio Toppi disparu en 2012 – l'auteur signe un petit livre original et habilement composé ; à l'écriture convenue et néanmoins maîtrisée. Une ode à la couleur verte, celle du manteau de Béatrice dans le Purgatoire de Dante, symbole absolu d'espérance ; celle aussi que l'on bannit des théâtres par superstition ; celle, enfin, de la nature, et par extension de l'écologie. Puisque l'histoire se conclut sans surprise sur ce thème, dans un ultime paragraphe un peu trop conformiste pour bien pénétrer la chair indolore de notre époque.

La Légende de Conaire Mór, roi d'Irlande, éd. Mosquito, 54 p., 15€


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Subventions culturelles en Pays Voironnais : une note interne qui ne passe pas