Froissé, plié, enroulé, déchiré, cartonné… Le papier se décline sous toutes ses formes dans Peau de papier, un spectacle jeune public (dès 5 ans) imaginé par le Colectivo Terrón.
Tout commence dans le plus grand des calmes… que l'on devine de courte durée. Sous les yeux ronds des enfants intrigués, un homme et une femme entrent sur la scène, un rectangle de papier dans la main, et entament une chorégraphie gracieuse et tranquille, s'observant et se rapprochant déjà. Jusqu'au moment où l'un d'eux a la bonne idée de jouer avec son bout de papier, profitant de sa prise au vent pour se le coller sur la figure dans une course effrénée. Hilarité générale. Le ton est donné. Entre instants suspendus propices à l'émerveillement (très expressif) du jeune public et gags clownesques, le spectacle oscille en permanence. Les deux comédiens exploitent jusqu'au bout cette matière formidable qu'est le papier : ils le froissent, le déchirent, le plient, l'enroulent… Et le déroulent, à l'image de ce grand écran nervuré qu'une lumière dorée travestit en étendue sableuse. De derrière, percent une main, deux mains, quatre mains (cinq mains ???) et même – ô vision d'horreur – un pied ! Après une ultime bataille de boules de neige, le spectacle se termine par un inévitable hommage à la littérature, l'homme, resté seul sur le plateau, découvrant la poésie d'Homère dans une rare exaltation. Le Colectivo Terrón signe un spectacle simple, évident, sans fioritures ni outrances conceptuelles. Emballant.
Peau de papier le 15 février à l'Espace 600, de 6€ à 13€