Les Femmes s'en mêlent : so femcee !

Après quelques années de sommeil, le festival Les Femmes s'en mêlent revient à Grenoble dans une version augmentée, du 9 au 18 mars. Aux manettes, Le Ciel, La Source, La Belle Electrique, La Bobine et Retour de Scène. Rien que ça ! Quant à la prog', elle est des plus alléchantes…


Ce ne sera pas un entre-soi féminin. Les artistes programmées pour le festival Les Femmes s'en mêlent valent le déplacement de tous les genres possibles et imaginables, tant la qualité et la diversité sont là. Mansfield.TYA, duo pop-punk mélancolique à l'esthétique ultraléchée, à la Belle Electrique ; le rock franc d'Emilie Zoé, la pop douce et sucrée de November Ultra, les perles électro envoûtantes de Léonie Pernet, ou encore cette réunion au sommet du rap féminin, avec les Espagnoles de Tribade et les Lyonnaises d'Ultramoule, le 17 mars à la Bobine. Programme musical (le cœur de ce festival est de mettre en avant les artistes de la scène féminine indépendante) auquel s'ajoutent des projections et des ateliers. Ainsi, pour poser le sujet sur la table, le premier rendez-vous regroupe la projection d'un film documentaire, La Cantatrice Chôme, sur la place des femmes dans les musiques actuelles (marginale, sans vouloir divulgâcher quoi que ce soit), et d'un débat sur le sujet, pour finir en détente par un apéromix géré de main de maîtresse par Rescue. On ne cite pas tout le monde, mais ces soirées laissent une belle place à la scène émergente grenobloise, avec des premières parties assurées par Gintsugi, Aamiral ou encore Ada Unn.

« Susciter des vocations »

Figurez-vous que la part féminine du milieu des musiques actuelles demeure très faible. 2% à la technique, 17% chez les auteurs-compositeurs, 12% à la direction des scènes, selon les chiffres de la Fedelima. Côté prog', ce n'est guère mieux malgré les efforts de la profession. « Les Femmes s'en mêlent, en réalité, ce n'est pas qu'une seule fois dans l'année », souligne Ludivine Bosc, à la programmation de La Source de Fontaine. « L'événement fait surtout office d'appel du pied, d'alerte sur le fait que les femmes ne sont pas assez présentes sur les scènes de musiques actuelles. » Et pour cause. La Belle Electrique, par exemple, n'a que très peu d'options en DJ femmes pour remplir une salle de 1000 places. Même à la Bobine, Léa Petit, la programmatrice, assure qu'en électro, « c'est très difficile de respecter une programmation à 50/50 ». Pour Ludivine Bosc, à La Source, le manque d'œstrogène est surtout visible dans le rock, qui se contente actuellement de quelques chanteuses… « D'une manière générale, quand elles deviennent artistes, les femmes s'orientent davantage vers le chant que vers un instrument. » À ce propos, Les Femmes s'en mêlent propose un atelier réservé aux batteuses. Idée d'Aurélia Chaboud, coordinatrice du Ciel : « On a remarqué que les batteuses qui viennent répéter ici sont souvent moins confiantes, elles n'ont pas le même rapport à l'instrument que les hommes. » « Mettre davantage de femmes dans nos programmations, c'est aussi donner à voir que les femmes peuvent être bassistes, batteuses, DJs… Et susciter des vocations », complète Ludivine Bosc.

La marginalité des femmes dans les musiques actuelles tend à s'estomper, doucement, grâce à la prise de conscience de la profession dans son ensemble, et à un soutien des institutions pour encourager, développer et rendre plus visible la création musicale au féminin. « Depuis deux ans environ, j'ai plus de facilité à être inclusif », constate Damien Arnaud, pour Retour de Scène. « Mais certains styles, c'est mission impossible, comme le reggae ou des têtes d'affiche féminines, ça n'existe tout simplement pas… » Il y en avait pourtant bien une, vénérable caribéenne, dont la venue au festival Magic Bus vient d'être annulée pour raisons de santé : Calypso Rose. Une femme qui déchire, comme celles qui abondent la programmation des Femmes s'en mêlent.

Les Femmes s'en mêlent du 9 au 18 mars au Ciel, à la Belle Électrique, à la Bobine, à La Source. Programme complet sur lfsm.net/grenoble


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