L'impermanence des choses


Comme beaucoup d'artistes contemporains, la Grenobloise Séverine Gorlier vit dans une surface dont les dimensions modestes sont peu compatibles avec une pratique d'atelier : pas de lieu de stockage et encore moins d'espace de travail... De cette contrainte, elle fait un atout : « Je n'ai pas un travail de projet, mais plutôt un travail qui s'inscrit dans un flux », nous explique-t-elle. En effet, à tâtons, elle dessine, sculpte, bricole, agence des (petites) formes, qui ne sont jamais définitives, se nourrissent mutuellement, évoluent d'une structure à une autre – bref sont perpétuellement ré-investies (ceci d'autant plus qu'une bonne partie d'entre elles sont en terre crue).

Ainsi, chez Séverine Gorlier, comme dans la vie, rien n'est jamais définitif et lorsqu'elle produit un agencement structurel qui lui plaît, elle en saisit un cliché avant de le détruire. Ces images sont ensuite exposées, comme ici au Vog, et confrontées à d'autres structures où les formes organiques de la terre dialoguent avec la géométrie approximative de vieux tasseaux de bois que quelques ficelles savamment nouées viennent ajuster. À mille années-lumière d'une création événementielle tape-à-l'œil (qui attire encore les collectionneurs de l'ancien monde), Séverine Gorlier produit des sculptures-installations en phase avec leur époque, faites de récupération et recyclables sans pour autant être réalisées n'importe comment... En témoigne l'installation qui longe la vitrine du Vog, dont la finition et l'intégration au site est parfaite alors même qu'elle n'est réalisée qu'à partir de matériaux de rebuts qui portent les traces de leurs usages antérieurs, de leur histoire… bref de la vie.

Le trou la fenêtre la porte Séverine Gorlier, jusqu'au 23 avril au Vog ; entrée libre


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