Bain viril

L'édito du n°1186 du 2 mars 2022.


Collision révélatrice dans ce numéro du Petit Bulletin. En pause depuis quelques années, le festival Les Femmes s’en mêlent (p.4) met en lumière leur faible représentation dans les musiques actuelles. Une invisibilité parfaitement illustrée par le festival Holocène (p.13), qui n’aligne que deux femmes sur un line-up de 26 noms. Côté rap, le genre dominant du festival, on tombe à zéro fille. Les organisateurs expliquent que les artistes féminines qu’ils visaient ont augmenté déraisonnablement leur cachet ; las, ils ont dû renoncer pour cette année. Du coup, ce week-end à Alpexpo, on prendra un gros bain de virilisme exacerbé, surtout que les rappeurs, culturellement, ne sont pas vraiment des figures de proue du féminisme et de l’inclusivité. Cette domination de la testostérone n’est pas l’apanage du rap, loin de là (big up, le black métal). De plus en plus de rappeuses talentueuses poussent les murs et, non contentes de prouver qu’elles ont toute leur place, donnent un second souffle à ce style musical devenu si mainstream. Toutefois, elles restent clairement sous-exposées, et sont trop souvent cantonnées à des scènes ou des compilations étiquetées « rap féminin ». Ce qui, certes, permet de les faire connaître ; mais ça contribue aussi à marginaliser le rap des femmes comme un sous-genre. C’est bien dommage.


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Holocène, toutes les couleurs du rap