De la litote en temps de guerre


« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ». On rappelle souvent ce mot de Camus qui s'y connaissait au moins autant en histoire qu'en sémantique. Il trouve à chaque époque une résonance glaçante : ainsi, quand un État ou un gouvernement n'assume pas ses entreprises bellicistes sur un peuple ou un pays tiers, il récuse le terme de "guerre", lui préférant des périphrases et litotes tordues comme "opérations spéciales" à l'instar de la Russie en Ukraine. Dans la France du Général de Gaulle, on a parlé "d'événements" en Algérie entre 1954 et 1962 ; et il aura fallu plus de vingt ans de purgatoire et des documentaires, dont celui de Rotman et Tavernier, empilant les témoignages accablants, pour que le passé s'affronte et s'assume.

La guerre sans nom dimanche 27 mars à 14h à Mon Ciné, Saint-Martin-d'Hères


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